Alors que le monde a les yeux tournés vers l’Europe et l’Afrique ainsi que leurs sommets diplomatiques, l’est de la République démocratique du Congo (RDC) sombre dans une crise humanitaire et sécuritaire sans précédent. Les rebelles du M23, soutenus par l’armée rwandaise, ont pris le contrôle de l’aéroport stratégique de Kavumu, situé à 25 km de Bukavu, capitale du Sud-Kivu, marquant une escalade dramatique dans leur offensive
Ce scénario rappelle sinistrement la chute de Goma en janvier dernier, et laisse craindre un nouveau « carnage humanitaire » orchestré depuis Kigali.
L’aéroport de Kavumu, dernier bastion logistique des Forces armées de la RDC (FARDC) dans la région, a été capturé vendredi 14 février après une avancée éclair des rebelles. Les combattants du M23, appuyés par des troupes rwandaises, ont conquis les localités de Kabamba, Katana et Ihusi en moins de 72 heures, avant de s’emparer de l’infrastructure clé, privant Kinshasa de sa capacité à ravitailler ses troupes
Cette offensive survient en dépit des appels urgents à un cessez-le-feu lancés lors du sommet conjoint de la SADC et de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) à Dar es Salaam le 8 février Le Rwanda, accusé par l’ONU de déployer 4 000 soldats en appui au M23, piétine ouvertement les résolutions internationales.
Les craintes d’un bain de sang s’intensifient, le M23 impose désormais une guerre urbaine, attaquant les positions des FARDC autour de Bukavu. Les bombardements aveugles et les exécutions sommaires, comme celle du chanteur Idengo, critique du pouvoir et des rebelles, illustrent la brutalité du conflit.
Alors que le président Félix Tshisekedi multiplie les appels à l’aide en Europe, participant à la Conférence de Munich sur la sécurité, Kinshasa dénonce l’« immobilisme complice » de la communauté internationale. La fermeture de l’espace aérien congolais aux avions rwandais symbolise une contre-attaque , mais insuffisante.
La chute de Kavumu n’est pas qu’une défaite militaire : c’est un signal alarmant pour l’Afrique des Grands Lacs. Si Bukavu tombe, le Rwanda assoira son emprise sur un corridor minier vital, riche en coltan et cassitérite, tout en déstabilisant durablement la RDC.