USA|L’administration Trump ordonne la destruction de documents sensibles de l’USAID, provoquant une crise institutionnelle

L’Agence américaine pour le développement international (USAID) se trouve au cœur d’une tempête politique après avoir ordonné à ses employés de déchiqueter ou brûler des documents internes, y compris ceux liés au personnel et aux dossiers classifiés. Cette directive, révélée par un courriel interne obtenu par le Washington Post, intervient dans le cadre des efforts controversés de l’administration Trump pour réduire drastiquement les programmes d’aide internationale, suscitant des inquiétudes quant au respect des lois fédérales sur la préservation des archives gouvernementales.

Signée par Erica Y. Carr, secrétaire exécutive par intérim de l’USAID, la consigne exige la destruction immédiate de documents stockés au siège de l’agence à Washington. Cette mesure s’inscrit dans une série d’actions radicales menées depuis deux mois : annulation de la majorité des contrats, suppression de 1 600 postes, et mise en congé administratif de près de 10 000 employés.

Au Capitole, les élus démocrates ont réagi vivement. Le représentant Gregory W. Meeks (New York), président de la commission des affaires étrangères de la Chambre, a dénoncé une « tentative évidente d’effacer des preuves » dans un contexte de démantèlement accéléré de l’agence.

« Brûler des documents sensibles semble être un excellent moyen de masquer des actes répréhensibles », a-t-il déclaré, soulignant les violations potentielles de la Loi sur les archives fédérales.

Pilier de la politique étrangère américaine depuis 1961, l’USAID est aujourd’hui dans le collimateur de l’administration Trump, influencée par Elon Musk, conseiller clé du président. Ce dernier a qualifié l’agence d’« organisation criminelle » à démanteler, sans fournir de preuves à l’appui. Une rhétorique qui a galvanisé les partisans de Trump, mais provoqué un tollé parmi les défenseurs de l’aide internationale, perçue comme un outil essentiel de l’influence et de la stabilité mondiale.

Le secrétaire d’État Marco Rubio, pourtant traditionnellement favorable à l’aide humanitaire, a appuyé les coupes, estimant que certains programmes « contredisaient les intérêts américains ».

Les actions de l’administration font l’objet de multiples batailles juridiques. Lundi, un juge fédéral, Amir H. Ali, a ordonné à l’État de verser 2 milliards de dollars dus à des ONG humanitaires, condamnant une « usurpation du pouvoir du Congrès » par Trump. Toutefois, le juge n’a pas bloqué les autres mesures visant à réduire l’aide, laissant planer l’incertitude sur l’avenir de centaines de projets liés à la santé, la démocratie ou la nutrition.

Les partenaires internationaux s’alarment d’un repli isolationniste, tandis que des employés de l’agence, sous couvert d’anonymat, décrivent un climat de « purge idéologique ». L’USAID et le Département d’État n’ont pas répondu aux demandes de commentaires, alimentant les spéculations sur d’éventuelles nouvelles mesures.

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