POLITIQUE |Guerre à Gaza : un plan américain de 38 pages imagine transformer l’enclave en « Riviera du Moyen-Orient »

Un document préparatoire de 38 pages, consulté par le Washington Post et révélé dimanche 31 août, expose un projet controversé porté par l’administration américaine : transformer la bande de Gaza en une « Riviera du Moyen-Orient ».

Ce plan, inspiré par la vision de Donald Trump et élaboré avec le concours de certains Israéliens proches de la Fondation humanitaire de Gaza, prévoit de placer temporairement l’enclave sous tutelle américaine, le temps d’une vaste reconstruction. L’autorité serait confiée à une structure ad hoc baptisée Great Reconstitution Economic Acceleration and Transformation Trust (GREAT), avant un transfert progressif à une entité palestinienne « réformée » et « déradicalisée ».

Des incitations au départ des habitants

Le projet propose aux 2,3 millions de Palestiniens de quitter Gaza pour l’Égypte, d’autres pays de la région, ou d’être relogés à l’intérieur du territoire. Ceux qui accepteraient un départ volontaire recevraient 5 000 dollars en espèces, une couverture de loyer sur quatre ans et une aide alimentaire pour douze mois.

Les propriétaires fonciers se verraient remettre des « jetons numériques » échangeables contre un logement dans l’une des six à huit « villes intelligentes » envisagées, ou convertibles pour reconstruire leur vie ailleurs. Dans ce nouveau Gaza, des usines de voitures électriques, des centres de données et des complexes hôteliers seraient financés par des investissements publics et privés.

Un projet aux accents de science-fiction

Présenté comme un plan de reconstruction, le projet suscite une vive controverse. Il reflète avant tout, selon les observateurs, la vision israélienne d’un territoire vidé de ses habitants et celle d’un président américain décidé à transformer les zones de guerre en opportunités économiques.

Les critiques ne manquent pas : les Gazaouis rejettent massivement l’idée d’abandonner leur terre, tandis que le Hamas, bien qu’affaibli, conserve une capacité de mobilisation contre toute tentative d’expulsion. L’Égypte et la Jordanie, de leur côté, refusent catégoriquement tout transfert de population sur leur sol.

Vers une stratégie de pression

Face aux obstacles, Israël explore d’autres options. Le 13 août 2025, la vice-ministre israélienne des Affaires étrangères, Sharren Haskel, s’est rendue au Soudan du Sud pour étudier l’accueil éventuel de réfugiés gazaouis. Parallèlement, la politique de siège, de famine et de destruction systématique menée dans l’enclave semble viser à rendre la vie intenable, afin de pousser les habitants à l’exode.

Un plan qui, pour l’heure, relève davantage de la spéculation politique que d’une feuille de route réalisable. Mais il éclaire les ambitions et les rapports de force qui redessinent, dans le sang et la ruine, l’avenir incertain de Gaza.

Par Djorres Tshivuadi

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