Retour du « Travel Ban » : Washington interdit l’entrée aux ressortissants de douze pays

Dans un mouvement rappelant les politiques de son premier mandat, l’administration Trump a instauré une nouvelle interdiction de voyager visant spécifiquement les ressortissants de douze nations. Cette mesure, justifiée par la sécurité nationale et récemment évoquée suite à l’attaque du Colorado, suscite critiques et interrogations.

À compter du 9 juin, les citoyens d’Afghanistan, de Birmanie, du Tchad, du Congo-Brazzaville, de Guinée équatoriale, d’Érythrée, d’Haïti, d’Iran, de Libye, de Somalie, du Soudan et du Yémen se verront interdire l’entrée sur le territoire américain. L’objectif affiché par la Maison Blanche dans un document publié mercredi 4 juin est de protéger les États-Unis contre les terroristes étrangers. Le président Donald Trump a directement lié cette décision à la récente attaque survenue à Boulder, dans le Colorado.

Cette mesure, qualifiée de nouveau « travel ban », ne concerne pas uniquement ces douze pays. Sept autres États se voient imposer des restrictions spécifiques : le Burundi, Cuba, le Laos, la Sierra Leone, le Togo, le Turkménistan et le Venezuela. L’administration américaine, poursuivant une politique d’immigration très stricte, justifie ces choix par plusieurs facteurs : l’absence présumée d’administrations efficaces dans ces pays, la tendance de certains de leurs ressortissants à rester aux États-Unis après l’expiration de leurs visas, et, dans le cas particulier de l’Iran, son soutien présumé au terrorisme.

Certaines exceptions sont néanmoins prévues. Les détenteurs de visas spécifiques et les personnes dont le voyage sert l’intérêt national américain pourront être exemptés. De manière notable, les footballeurs participant à la Coupe du monde 2026 (organisée conjointement par les États-Unis, le Mexique et le Canada) ainsi que les athlètes des Jeux olympiques de Los Angeles en 2028 ne seront pas soumis à ces restrictions.
Le Venezuela a immédiatement réagi, avertissant ses citoyens mercredi qu’un voyage aux États-Unis représentait désormais un « grand risque« .

La décision a été vivement critiquée. Jamal Abdi, président du Conseil national américano-iranien (National Iranian American Council), a déclaré : « Le retour de l’interdiction ne va pas augmenter la sécurité de l’Amérique mais va faire souffrir de nombreux Américains, dont ceux de la communauté américano-iranienne, dont les êtres chers seront arbitrairement privés de visa« .
Un point particulier attire l’attention : l’Égypte, pays d’origine de l’individu de 45 ans accusé de l’attaque de Boulder que Donald Trump invoque pour justifier le « travel ban », ne figure sur aucune des listes (interdiction totale ou restrictions).

Dans une vidéo publiée sur le réseau social X, le président Trump a affirmé que « la récente attaque terroriste à Boulder, dans le Colorado (ouest), avait mis en évidence les dangers extrêmes que représente pour  l’entrée de ressortissants étrangers qui n’ont pas été correctement contrôlés« . Il a ajouté sans ambiguïté : « Nous ne voulons pas d’eux ».

Donald Trump a explicitement comparé ce nouveau décret aux « restrictions efficaces » imposées durant son premier mandat (2017-2021) à plusieurs pays, majoritairement musulmans, restrictions qu’il crédite d’avoir protégé les États-Unis d’attaques similaires à celles survenues en Europe. « Nous ne laisserons pas ce qui s’est passé en Europe se produire en Amérique« , a-t-il martelé mercredi. Il a poursuivi en expliquant : « Nous ne pouvons pas avoir une immigration ouverte en provenance de pays que nous ne pouvons pas contrôler et filtrer de manière sûre et fiable. C’est pourquoi je signe aujourd’hui [mercredi] un nouveau décret imposant des restrictions d’entrée à des pays tels que le Yémen, la Somalie, Haïti, la Libye et de nombreux autres« .

Abigail Jackson, porte-parole adjointe de la Maison Blanche, a défendu la mesure sur X : « Le président Trump tient sa promesse de protéger les Américains contre les agents étrangers dangereux qui veulent venir dans notre pays et s’en prendre à nous« . Elle a précisé : « Ces restrictions pleines de bon sens sont spécifiques à chaque pays et incluent les pays qui ne procèdent pas à un contrôle approprié, affichent des taux élevés de personnes dont le visa a expiré ou ne partagent pas les informations relatives à l’identité de leurs ressortissants et aux menaces qu’ils représentent« .

Ce retour du « travel ban » place ainsi la sécurité nationale et la politique d’immigration au cœur du débat, soulevant à nouveau des questions sur son efficacité réelle et son impact sur les populations concernées et les relations internationales.

Par Horus-Gabriel Buzitu

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