RDC|Tensions autour du nouveau passeport biométrique : Le Banc Syndical des Affaires Étrangères dénonce des « irrégularités phares » et un partenaire « non prêt » 

Le Banc Syndical du Secrétariat Général aux Affaires Étrangères de la RDC a adressé une lettre officielle à la Ministre d’État des Affaires Étrangères, Christophe Lutundula Apala Pen’Apala, pour exprimer sa « surprise et son regret » face au lancement médiatisé du nouveau passeport biométrique en partenariat avec la firme allemande DERMALOG. Le document, daté de ce jeudi, dénonce des dysfonctionnements majeurs et met en garde contre les risques de cette collaboration. 

Selon la lettre consultée par notre rédaction  » Le PuissantCommunity » , le syndicat s’appuie sur un rapport final d’inventaire élaboré par une commission ad hoc incluant le Ministère des Finances, la Direction de la Chancellerie, l’ANR et le Conseil National de Cyber Défense. Ce rapport relève cinq anomalies critiques : 
1. Un taux d’exécution financière dérisoire : moins de 5 millions USD dépensés sur 48 millions prévus au contrat. 
2. Un déploiement défaillant : centres de capture biométrique insuffisants à Kinshasa, dans les provinces et les postes diplomatiques. 
3. Des outils de production « inadaptés » face à la demande croissante. 
4. Une main-d’œuvre sous-formée : seule « une poignée d’agents » maîtrisent le système. 
5. Une logistique incohérente : obligation d’acheter des formulaires dans les provinces, signe d’un système mal conçu. 

Le Banc Syndical alerte également sur 100 000 passeports en attente de production un héritage non résolu de l’ancien prestataire LOCOSEM. Plus symbolique, l’incident du 30 mai 2025 est cité comme un « empiètement aux attributions de l’État » : lors de la capture biométrique du Chef de l’État à la Cité de l’Union Africaine, un cadre de DERMALOG a opéré à la place d’un agent congolais. « Cet acte est inacceptable », insiste le syndicat. 

Dans sa conclusion, le texte place les autorités « devant leurs responsabilités », estimant que DERMALOG n’est « visiblement pas prêt à apaiser les esprits des Congolais ni à préserver les intérêts des agents ». Copie a été transmise au Président de la République, à la Première Ministre et aux hauts responsables de la sécurité et de la diplomatie. 

Cette levée de boucliers intervient dans un climat de défiance croissante envers les partenariats publics-privés, après des années de polémiques sur la gestion des documents d’identité. La réponse du gouvernement est attendue sous 48 heures, alors que le nouveau passeport devait symboliser la modernisation administrative. 

L’efficacité de ce projet à 48 millions USD, censé renforcer la souveraineté numérique de la RDC, semble plus compromise que jamais. Le syndicat exige désormais un audit transparent et une révision urgente du contrat. 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *