L’ancien ministre de la Justice, Constant Mutamba, sera jugé le mercredi 9 juillet prochain devant la Cour de cassation à Kinshasa. Il est accusé d’avoir détourné près de 19,9 millions de dollars, destinés à financer la construction d’une prison dans la ville de Kisangani, province de la Tshopo.
Selon le dossier, ces fonds proviennent du FRIVAO, un fonds spécial créé pour indemniser les victimes des conflits armés à Kisangani. Or, l’argent aurait été rapidement versé à une société dénommée Zion Construction, sélectionnée sans appel d’offres. Depuis, aucune trace du chantier ni des responsables de cette entreprise n’a été retrouvée.
Le 15 juin dernier, l’Assemblée nationale a voté la levée de l’immunité parlementaire de Constant Mutamba, après la publication d’un rapport dénonçant plusieurs irrégularités dans la passation du marché public. Trois jours plus tard, l’ancien ministre a présenté sa démission, dénonçant ce qu’il qualifie de « manipulation politique ».
Dans une lettre adressée à la Cour de cassation, Mutamba récuse le procureur général Firmin Mvonde, évoquant une « inimitié manifeste » à son égard, et réclame le remplacement de tous les magistrats impliqués dans l’instruction.
Par ailleurs, début mars, Constant Mutamba avait fait sensation en annonçant une récompense de 5 millions de dollars pour la capture de Corneille Nangaa, chef rebelle condamné à mort, ainsi que de ses complices Bertrand Bisimwa et Sultani Makenga.
Il avait aussi proposé une somme supplémentaire de 4 millions de dollars pour toute information menant à l’arrestation d’autres personnes impliquées, notamment le journaliste Perrot Luwara et l’activiste Irenge Baelenge.
En parallèle, les biens confisqués à Corneille Nangaa comprenant des hôtels, villas, appartements et terrains ont été placés sous la tutelle du ministère de la Justice et réaffectés à des services publics, tels que la justice civile et militaire.
Enfin, Mutamba s’était beaucoup impliqué dans la levée des immunités parlementaires de l’ex président et sénateur à vie Joseph Kabila pour sa participation dans la rébellion du M23 dans l’est de la République démocratique du Congo.
Par Djorres Tshivuadi