Le ministre de la Communication et des Médias, porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya Katembwe, s’est entretenu jeudi 5 juin dans son cabinet de Kinshasa avec une mission d’information de haut niveau dépêchée par l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF). Cette délégation, conduite par Muriel Berset Kohen, représentante personnelle de la Présidente de la Confédération suisse au Comité permanent de la Francophonie (CPF), était accompagnée par la ministre déléguée congolaise chargée de la Coopération internationale et de la Francophonie, Bestine Kazadi Ditabala.
La visite s’inscrit dans le cadre du soutien de l’OIF à l’initiative de médiation régionale en cours visant à résoudre la crise persistante dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC). Muriel Berset Kohen a explicitement présenté le mandat de sa mission au ministre Muyaya :

« Je suis venue lui présenter la délégation que les chefs d’État et de gouvernement des 93 pays de la Francophonie ont souhaité envoyer au Congo (RDC) pour s’informer directement auprès des autorités, ainsi que des associations de la société civile, de la situation dans le pays, la situation dans l’Est du Congo, et aussi pour parler du renforcement de la coopération entre la Francophonie dont le Congo est le plus grand membre, avec le plus de locuteurs francophones et l’organisation, et voir ce que peut faire la Francophonie pour renforcer cette coopération, ces échanges, pour soutenir la voie que les autorités du pays ont choisie vers la paix. »
La cheffe de mission a ensuite souligné l’urgence humanitaire et le désir profond de paix des populations de l’Est, directement éprouvées par des décennies de violence :
« La population est tellement et durement éprouvée et nous avons pu l’entendre ces derniers jours ici que la population dans l’Est du pays puisse retrouver la paix, que leurs enfants puissent aller à l’école, que les femmes puissent sortir chercher du bois sans être agressées, pour que la prospérité puisse revenir, se développer dans une région d’un pays si riche, en fait. »
Au-delà de la situation sécuritaire à l’Est, les discussions ont également porté sur la coopération et le développement. Le ministre Patrick Muyaya a qualifié les échanges d’extrêmement positifs :

« Nous avons parlé de l’état de la situation. Nous avons parlé des moyens de renforcer la coopération dans différents domaines, et je dois vous dire que ce furent des échanges extrêmement fructueux et substantiels. »
Le ministre a également salué cette initiative de l’OIF et exprimé un attente claire : que l’organisation contribue à une condamnation ferme du Rwanda, estimant que « le temps des sanctions est révolu ».
Arrivée à Kinshasa le lundi 2 juin, la mission d’information de l’OIF a bouclé son séjour ce vendredi 6 juin. Elle retourne désormais à Paris pour présenter son rapport aux autres membres de l’organisation. L’enjeu est désormais de déterminer comment les 93 États et gouvernements de la Francophonie pourront s’impliquer concrètement dans la résolution d’une « guerre d’agression » qui, depuis plus de 30 ans, a causé plus de 12 millions de morts et de déplacés en RDC, et œuvrer au retour effectif d’une paix durable.
Cette mission intervient dans le cadre du processus de paix conjoint CEA-SADC, fusionnant les initiatives de Nairobi et de Luanda. Ce processus est placé sous la médiation de Faure Gnassingbé, président du Conseil des ministres du Togo (désigné par l’Union africaine), avec la facilitation d’anciens chefs d’État africains : Mokgweetsi Masisi (Botswana), Olusegun Obasanjo (Nigeria), Uhuru Kenyatta (Kenya), Catherine Samba-Panza (République centrafricaine) et Sahle-Work Zewde (Éthiopie).
La venue de cette mission est perçue comme une victoire diplomatique significative pour la RDC au sein de l’espace francophone. Elle couronne près de trois ans de plaidoyer actif mené par la ministre déléguée Bestine Kazadi auprès des instances de l’OIF. Son objectif central : obtenir un soutien francophone au retour de la paix et au respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la RDC, conformément à la vision du Président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo.
Par Horus-Gabriel Buzitu