Le Vice-Premier Ministre, Ministre de l’Économie Nationale, Daniel Mukoko Samba, a présidé ce jeudi une réunion cruciale du Comité de suivi des prix des produits de première nécessité. L’objectif : présenter aux acteurs économiques le premier bulletin mensuel de suivi des prix sur les marchés de Kinshasa, une initiative inédite visant à mieux réguler l’économie et protéger le pouvoir d’achat des Congolais.
Lancée en phase pilote en mars 2025, cette nouvelle méthodologie de collecte des prix marque un tournant dans la gestion économique de la RDC. « Depuis des années, aucun système fiable ne permettait de suivre l’évolution des prix. Ce bulletin comble ce vide et révèle une stabilité globale en mars, sauf pour les produits provenant de l’Est du pays, en proie à l’insécurité », a expliqué Daniel Mukoko Samba devant un parterre de représentants de la Fédération des Entreprises du Congo (FEC), de la FENAPEC, de l’Association des consommateurs, et d’entreprises publiques comme la LMC ou l’OCC.
Les données collectées montrent des disparités géographiques significatives : les prix des denrées comme la farine, l’huile ou le riz varient selon les communes, reflétant des défis logistiques et sécuritaires.
John Mwenda, Directeur Général de Premium Foods, a salué cette avancée : « C’est la première fois en 20 ans qu’un tel dispositif est mis en place. Des données fiables sont essentielles pour des décisions éclairées ».
La FEC, par la voix de son représentant, s’est engagée à collaborer, tout en demandant une clarification des fréquences de collecte pour éviter toute confusion entre « suivi des prix » et « contrôle économique ».
Du côté des entreprises, M. Farouk (AFRIFOOD) a insisté sur la nécessité de respecter les engagements gouvernementaux : « Protéger le pouvoir d’achat exige des mesures concrètes et durables, pas juste des rapports ». Un appel relayé par l’Association des consommateurs, inquiète de la hausse des coûts dans les zones affectées par les conflits.
Le bulletin souligne un décrochage inquiétant dans l’Est de la RDC, où les prix des produits alimentaires et pharmaceutiques ont bondi sous l’effet des blocages routiers et de l’activisme des groupes armés. Le Ministre a reconnu que « la sécurisation des axes est un préalable à la stabilisation des marchés », promettant une collaboration accrue avec le ministère de la Défense.
Face aux critiques, Daniel Mukoko Samba a martelé l’importance de réunions régulières du Comité : « Ce combat pour la transparence et le pouvoir d’achat est un marathon. Nous devons rester mobilisés ». Parmi les prochaines étapes :
- Élargir la collecte de données à d’autres provinces ;
- Intégrer des indicateurs sur les stocks et la distribution ;
- Publier mensuellement les résultats pour renforcer la confiance des citoyens.
Pour les consommateurs de Goma ou Bukavu, où l’insécurité alimentaire grimpe, l’urgence reste tangible.
Par Djorres Tshivuadi