Le Ministre de la Communication et Médias, Patrick Muyaya Katembwe, a présenté ce mardi 20 mai 2025 au Musée national de la RDC, à Kinshasa, un document détaillant les crimes graves et massifs commis lors de la prise et de l’occupation de Goma et Bukavu par les forces RDF-M23 entre janvier et avril 2025. L’événement, placé sous le Haut Patronage du Président de la République, a réuni des membres clés du gouvernement, dont les Vice-Premiers Ministres Jacquemain Shabani Lokoo (Intérieur) et Guy Kabombo Mwadiamvita (Défense), ainsi que la Ministre des Droits Humains Chantal Chambu Mwavita.

« Une gouvernance par crime »
Dans son allocution, le Ministre Muyaya, également Porte-parole du gouvernement, a dénoncé une « gouvernance par crime » dans les zones sous occupation rebelle :
« Il ne se passe aucun jour sans que l’on ait des plorts [rapports], des crimes commis contre des femmes, des crimes commis contre des enfants, des crimes commis contre des patients dans des hôpitaux ».
Il a appelé à la vigilance collective face aux manœuvres des agresseurs, soulignant que le gouvernement et ses partenaires œuvrent pour mettre fin à un conflit vieux de 30 ans, marqué par le pillage systémique :
« C’est peut-être pas le lieu de revenir sur tous les détails de cette crise … pour nous focaliser sur l’horreur en réalité qui s’est passée à partir de la deuxième quinzaine du mois de janvier ».
Le rapport, coordonné par le professeur Ntumba Luaba Lumu (Mécanisme National de Suivi de l’Accord-Cadre d’Addis-Abeba), met en lumière l’impératif de justice pour éviter la répétition des crimes :
« Si nous pensons sacrifier la justice au profit de la paix, nous ne créerons pas les conditions de non-répétition ».
Le document recense notamment les atrocités commises dans le Parc des Virunga, patrimoine mondial de l’UNESCO :
« Virunga a été l’épicentre de la violence … Aujourd’hui, il faut des centaines de millions de dollars pour restaurer ce qui a été détruit ».
Le bilan humanitaire est tout aussi alarmant. En mars 2025, la Ministre de l’Éducation Nationale révélait que 2 599 écoles étaient hors service, laissant plus d’un million d’élèves non scolarisés. Des enfants ont été enrôlés de force par les agresseurs :
« Durant deux mois et demi, certains enfants étaient systématiquement recrutés ou enlevés pour satisfaire aux besoins de main-d’œuvre ».
Muyaya a salué l’arrivée à Kinshasa d’une mission d’établissement des faits du Conseil des Nations Unies pour les droits de l’homme, qui pourrait évoluer en commission d’investigation en septembre 2025. Il a aussi évoqué les efforts combinés de la Cour pénale internationale (CPI) et des juridictions nationales :
« Les plus malins n’ont pas ratifié les statuts de Rome, mais … nous avons la possibilité de dire que tôt ou tard, le temps de la justice va arriver ».
En conclusion, le Ministre a insisté sur la nécessité de documenter l’horreur pour traduire les responsables en justice :
« Je ne voudrais pas revenir sur toutes les photos … mais ce travail doit permettre aux avocats, à la justice, de trouver des références. La meilleure consolation sera de voir les bourreaux répondre de leurs actes ».
Par Horus-Gabriel Buzitu