Dans un acte d’une brutalité inouïe, Ayishakiye Daniel, infirmier au centre de santé de Rusayo, dans le territoire de Nyiragongo près de Goma, a été froidement assassiné ce dimanche 7 janvier. Alors qu’il se précipitait pour sauver des vies, des hommes armés, vêtus d’uniformes des Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC), lui ont tiré dessus à bout portant, mettant fin à sa mission humanitaire dans des circonstances tragiques.
Selon des témoins, l’incident s’est produit vers 18h30, à environ 100 mètres de l’hôpital. Daniel, en tenue d’infirmier, se dirigeait en urgence vers le centre de santé pour soigner des patients lorsque deux hommes armés l’ont interpellé, exigeant qu’il leur remette son téléphone portable. Malgré ses explications sur sa mission urgente, l’un des assaillants a ouvert le feu, lui logeant une balle dans le thorax et une autre dans la main qui tenait le téléphone, d’une valeur inférieure à 15 dollars.
Les agresseurs ont ensuite pris le téléphone et ont abandonné Daniel, grièvement blessé, sur place. Alertés, ses collègues ont tenté de le sauver, mais leurs efforts ont été vains. Son corps repose désormais à l’hôpital CBCA Ndosho, laissant derrière lui une épouse et trois enfants.
Daniel était bien plus qu’un infirmier pour la communauté de Rusayo. Installé à proximité d’un camp de déplacés, le centre de santé où il travaillait est un refuge vital pour des milliers de personnes fuyant les violences dans la région. Considéré comme un héros par les déplacés, Daniel a soigné sans relâche des victimes de maladies et d’accidents liés à la guerre, faisant preuve d’un dévouement exemplaire.
Son collègue, dont nous taisons le nom pour des raisons de sécurité, s’interroge avec amertume : « Si nous, infirmiers, sommes traqués comme du gibier sans protection, comment voulez-vous que nous prenions en charge les déplacés qui fuient les affrontements ? ».
La communauté locale et les organisations humanitaires appellent à une enquête approfondie pour identifier les responsables de ce crime et à des mesures urgentes pour protéger les travailleurs de santé et les civils.