La ministre des Droits humains oppose une fin de non-recevoir aux propositions fédéralistes, soulignant les risques de division et la priorité à la stabilité nationale
Dans un débat qui relance les tensions historiques sur la forme de l’État en République Démocratique du Congo (RDC), la ministre des Droits humains, Marie-Ange Mushobekwa, s’est fermement opposée aux propositions fédéralistes portées par Olivier Kamitatu, figure de l’opposition et porte-parole de Moïse Katumbi. Lors d’une déclaration virulente sur les réseaux sociaux, la ministre a défendu le modèle de l’unitarisme décentralisé, qualifiant le fédéralisme de « danger pour l’intégrité nationale » et rappelant les risques de fragmentation dans un contexte déjà marqué par des crises sécuritaires .
Le débat sur la forme de l’État congolais n’est pas nouveau. Comme le rappellent les analyses historiques, la RDC a oscillé entre ces deux modèles depuis son indépendance, avec des épisodes marquants comme la Constitution de Luluabourg en 1964 (fédéraliste) ou le centralisme mobutiste. Kamitatu, dans une récente interview, a relancé l’idée d’un État fédéral pour mieux répondre aux défis locaux, arguant que la décentralisation actuelle reste inefficace.
Mais pour Mushobekwa, cette vision est une fuite en avant. S’appuyant sur l’histoire récente, elle souligne que le fédéralisme pourrait exacerber les tensions dans des régions comme le Sud-Kivu, où des groupes armés comme le M23 défient déjà l’autorité de l’État .
« Nous avons besoin de renforcer l’État, pas de le diviser. L’unitarisme décentralisé permet une gestion locale sans sacrifier notre souveraineté », a-t-elle déclaré, citant les avancées (limitées) des provinces en matière de gouvernance depuis la réforme de 2006.
Les propos de Mushobekwa interviennent dans un climat politique tendu, où l’opposition accuse régulièrement le pouvoir de « verrouiller les institutions ». Kamitatu, connu pour ses prises de position critiques, a répliqué en qualifiant la ministre de « diseuse de bonne aventure », une pique récurrente depuis leur échange houleux en 2018 sur la détention des prisonniers politiques.
Alors que les positions se cristallisent, une chose est sûre : le choix entre fédéralisme et unitarisme décentralisé engage l’avenir de la RDC. Entre les risques de partition et les promesses d’une gouvernance plus proche des citoyens, le débat est loin d’être clos.
Par Dieumerci Anawezi