Kinshasa, le 28 janvier 2025
Ce mardi 28 janvier 2025 restera gravé dans les mémoires comme un jour où la population congolaise, particulièrement celle de Kinshasa, a exprimé son indignation face à une tragédie qui dure depuis plus de deux décennies. Tôt dans la matinée, des milliers de Congolais, majoritairement des jeunes, ont pris d’assaut les rues de la capitale dans une marche spontanée pour dénoncer fermement l’agression rwandaise à l’est de la République Démocratique du Congo (RDC). Cette crise, qui a causé plus de 10 millions de morts et 500 000 femmes violées, a atteint un paroxysme, poussant la population à manifester sa colère et son désespoir.
Les manifestants ont ciblé plusieurs ambassades, symboles des relations internationales souvent perçues comme complices de cette agression. L’ambassade du Rwanda a été incendiée, tandis que celles des États-Unis, de la France, de la Belgique et de l’Ouganda ont été prises d’assaut. L’espace Chengen à Kinshasa a également été touché par la fureur populaire. Par ailleurs, certains supermarchés ont été pillés et saccagés, témoignant de l’ampleur de la colère qui a submergé la capitale.
Face à cette situation tendue, la Police Nationale Congolaise est immédiatement intervenue pour rétablir l’ordre et permettre la reprise de la circulation normale. Le Gouverneur de la ville, Daniel Bumba, s’est rendu sur place pour évaluer la situation et superviser les opérations de maintien de l’ordre.
Le gouvernement congolais, par la voix de son ministre de la Communication et porte-parole, Patrick Muyaya, a exprimé sa satisfaction quant à la mobilisation de la population. Dans une déclaration diffusée en direct sur les antennes de la Télévision Nationale Congolaise (RTNC), Muyaya a salué cette manifestation spontanée et légitime, tout en condamnant les actes de vandalisme et de violence qui ont émaillé la journée.
« Nous avons salué la mobilisation spontanée et légitime de nos compatriotes ce matin à Kinshasa pour témoigner leur soutien à nos FARDC (Forces Armées de la République Démocratique du Congo) et à nos populations de Goma. Cependant, nous condamnons fermement tous les actes de vandalisme et de violence qui ont été constatés durant ces manifestations », a déclaré le ministre.
Il a également assuré que la Police Nationale avait renforcé le dispositif de sécurité autour des ambassades et appelé à la vigilance contre toute tentative d’infiltration visant à pousser à des actes intolérables lors de l’expression de la colère populaire.
Cette marche spontanée reflète l’exaspération d’une population qui endure depuis plus de 20 ans les conséquences d’une guerre dévastatrice. Les manifestants ont réclamé justice pour les millions de victimes et dénoncé l’impunité dont bénéficient les auteurs de ces crimes. L’agression rwandaise, souvent qualifiée de « guerre oubliée », continue de faire des ravages dans l’est du pays, malgré les multiples appels à l’aide de la communauté internationale.
Alors que la situation semble désormais sous contrôle à Kinshasa, les regards se tournent vers les autorités congolaises et la communauté internationale pour qu’elles prennent des mesures décisives afin de mettre un terme à cette crise qui a trop duré.