RDC| Malgré Doha, le M23 intensifie ses offensives et s’empare de Walikale

La rencontre tant attendue entre les présidents Félix Tshisekedi de la République démocratique du Congo et Paul Kagame du Rwanda, mardi 18 mars à Doha, devait marquer un tournant dans la crise sécuritaire qui secoue l’est de la RDC. Pourtant, moins de 24 heures après cette réunion, les rebelles du M23 ont pris le contrôle de Walikale, une localité stratégique, après deux jours de combats intenses. Cet événement souligne l’écart béant entre les déclarations politiques et la réalité sur le terrain.

La rencontre entre les deux chefs d’État, organisée sous l’égide de médiateurs internationaux, avait pour objectif de relancer le processus de paix dans la région des Grands Lacs. Les deux présidents avaient « réaffirmé » leur volonté de mettre en place un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel. Des propos qui avaient suscité un espoir prudent parmi les populations locales et la communauté internationale.

Cependant, cet optimisme a été de courte durée. Dès le lendemain, les combats ont repris avec une intensité accrue. Les Forces armées de la RDC (FARDC) ont d’abord réussi à repousser une offensive des rebelles, avant de devoir se replier sur l’axe routier menant à Kisangani. Cette retraite stratégique a permis au M23 de consolider ses positions et de prendre le contrôle de Walikale, un carrefour clé pour le transport des marchandises et des troupes.

Depuis fin janvier, le groupe rebelle, soutenu selon le gouvernement Congolais par le Rwanda une accusation que Kigali dément, n’a cessé d’étendre son emprise territoriale. Son avancée d’est en ouest témoigne d’une stratégie bien huilée, centrée sur le contrôle des axes routiers. Ces routes sont vitales pour le ravitaillement des troupes, mais aussi pour l’économie locale, ce qui renforce l’impact de leur occupation.

La prise de Walikale illustre cette stratégie. Située dans la province du Nord-Kivu, cette localité est un point névralgique pour les échanges commerciaux et militaires. Sa chute aux mains du M23 représente un revers significatif pour les FARDC et un coup dur pour les efforts de stabilisation de la région.

Les combats incessants ont des conséquences dramatiques pour les populations civiles. Des milliers de personnes ont été déplacées, fuyant les violences pour se réfugier dans des camps de fortune où les conditions de vie sont précaires. Les organisations humanitaires, déjà sous pression, peinent à répondre aux besoins croissants. Alors que le M23 continue d’avancer, la situation dans l’est de la RDC reste plus que jamais incertaine.

Les populations locales, prises entre les combats et les enjeux géopolitiques, aspirent à une paix durable. Mais pour l’instant, les promesses de cessez-le-feu semblent bien loin de la réalité sanglante du terrain.

Par Dieumerci Anawezi

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