RDC : Les Ministres Muyaya et Paluku présentent le commerce extérieur comme levier de croissance face aux défis miniers et agricoles

Les ministres Patrick Muyaya (Communication et Médias, Porte-parole du Gouvernement) et Julien Paluku (Commerce Extérieur) ont co-animé un Briefing Spérial ce mardi 27 mai au studio Maman Angebi de la RTNC, centré sur un enjeu crucial : « Commerce extérieur : levier de la croissance économique en République démocratique du Congo ».

Le Ministre de la Communication Patrick Muyaya, porte-parole du Gouvernement/RDC

Le ministre Muyaya a d’emblée situé ce rendez-vous dans un contexte stratégique : « La RDC est engagée dans un processus de discussion avec le gouvernement américain sur un ‘deal minier’. Le commerce extérieur y occupe une place centrale. » Il a souligné la nécessité évoquée en Conseil des Ministres de ratifier des textes internationaux pour dynamiser ce secteur essentiel. « Nous voulons faire le point sur les avancées enregistrées sur le commerce extérieur que nous souhaitons utiliser comme un levier », a-t-il déclaré.

Julien Paluku, Ministre du Commerce Extérieur/RDC

Le ministre Julien Paluku a dressé un tableau sans concession des défis actuels. Malgré des exportations massives de minerais (150 000 tonnes de cobalt, plus de 3 millions de tonnes de cuivre l’an dernier), « ça ne se ressent pas dans le panier de la ménagère ». Il a illustré le paradoxe par des chiffres saisissants : une production annuelle de cobalt valorisée à environ 60 milliards USD et de cuivre à 29 milliards USD, pour des retombées économiques internes jugées insuffisantes. « La RDC n’a pas tiré profit de son secteur minier », a-t-il constaté, pointant notamment le manganèse et le lithium.

Face à ce constat, le ministre Paluku a rappelé l’appel pressant du Président Félix Tshisekedi à diversifier l’économie, particulièrement vers l’agriculture, identifiée comme un secteur porteur majeur. « Nous devons migrer vers le secteur agricole pour aménager le panier de la ménagère », a-t-il insisté. Le potentiel est colossal (80 millions d’hectares arables) mais le défi, immense : « Le secteur agricole a besoin de 120 millions d’emplois, alors que la RDC n’a que 100 millions d’habitants. Ce qui signifie qu’elle importera même la main d’oeuvre. »

Pour écouler cette future production, le ministre a détaillé la stratégie de conquête des marchés extérieurs :
1.  Les États-Unis via l’AGOA (African Growth and Opportunity Act).
2.  L’Union européenne à travers des partenariats économiques.
3.  La Chine et ses 1,4 milliard de consommateurs.
4.  L’Inde, marché en pleine expansion.
5.  Le marché africain, via la Zone de Libre-Échange Continentale Africaine (ZLECAF), offrant accès à 1,3 milliard de consommateurs.

Il a précisé un point clé : « En supprimant les barrières douanières [dans le cadre de la ZLECAF], nous ne perdons pas les recettes, mais cette suppression ne concerne que les produits d’origine. » Il a également souligné le retard de la RDC à ratifier deux accords importants de l’OMC sur la facilitation des échanges et les subventions à la pêche.

Les ministres ont identifié des défis majeurs à relever pour libérer le commerce extérieur :
1.  La fiscalité étouffante : « Les impôts et taxes pèsent lourdement en RDC et cela impacte négativement le climat des affaires. » Le Président a ordonné une révision des nomenclatures fiscales.
2.  Le déficit criant en infrastructures : « On peut produire, mais comment évacuer les produits ? »
3.  L’insécurité, particulièrement dans l’Est du pays, condition sine qua non de la stabilité économique.

Concernant le « deal » en discussion avec les USA, le ministre Paluku a tenu à clarifier plusieurs points essentiels :
1.  Le développement concernera prioritairement la RDC.
2.  « Il n’est pas question de brader nos mines », a-t-il martelé.
3.  L’accord s’inscrira dans une logique d’intégration économique régionale (COMESA, CEAC, SADC), avec des principes et lignes rouges définis.
4.  La paix reste la condition fondamentale.

Réagissant à l’enveloppe potentielle de 500 milliards USD évoquée dans le deal américain, le ministre Paluku a affirmé que cela restait « encore trop peu » au regard des ressources minières totales du pays, estimées à 24 000 milliards USD. Il a présenté la vision et les outils pour absorber et utiliser efficacement de tels investissements :
1.  Mise en œuvre prioritaire du Plan Directeur (58 milliards USD).
2.  Développement massif des infrastructures routières (nationales, provinciales, agricoles) : 20 milliards USD pour 20 000 km à 1 million USD/km.
3.  Déploiement de l’agriculture : 80 milliards USD en investissant 1000 USD/ha sur 80 millions d’hectares. « Les 500 milliards sont absorbés en moins de temps », a-t-il calculé.

L’objectif final est clair : « Ces 500 milliards des USA doivent nous permettre de construire les fondamentaux routiers, ferroviaires, aéroportuaires… Nous devons élaborer des plans opérationnels pour absorber cet argent. Et les premières retombées doivent être affectées dans les fondamentaux de l’État. »

Ce briefing spécial a ainsi souligné la volonté du gouvernement de faire du commerce extérieur un moteur de transformation structurelle de l’économie congolaise, en diversifiant les secteurs, en conquérant des marchés et en levant les obstacles internes, avec un accent marqué sur les infrastructures et l’agriculture comme piliers de l’avenir. La réussite de cette ambition passe par la paix, une gestion rigoureuse des investissements et des réformes audacieuses.

Par Horus-Gabriel Buzitu

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