Le Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, a présidé ce vendredi la 44ᵉ réunion ordinaire du Conseil des Ministres à la Cité de l’Union Africaine. Au cœur des débats : la recrudescence des tensions au sein des institutions provinciales et les risques de conflits fonciers liés aux travaux des Rocades de Kinshasa. Retour sur les annonces phares de cette session gouvernementale.

Le Chef de l’État a ouvert la séance en tirant la sonnette d’alarme sur les crises récurrentes opposant Assemblées provinciales et Exécutifs locaux. Depuis la mise en place des 26 provinces prévues par la Constitution, ces tensions se traduisent par des motions de défiance et des destructions de Gouverneurs, paralysant l’action publique et freinant le développement socioéconomique.
« La stabilité des Gouvernements provinciaux est une exigence vitale pour garantir le bon fonctionnement de l’État », a martelé le Président, soulignant le paradoxe d’une instabilité institutionnelle alors que le pays lutte contre une crise sécuritaire majeure à l’Est.
Pour endiguer cette spirale, le Vice-Premier Ministre en charge de l’Intérieur et de la Décentralisation a reçu mandat d’examiner en urgence les cas de déstabilisation et de formuler des mesures préventives. Ces propositions, coordonnées avec la Première Ministre, seront discutées lors de la 12ᵉ Conférence des Gouverneurs, déjà programmée. Objectif : restaurer la cohésion nationale et relancer les politiques publiques locales.
Deuxième dossier brûlant : la prévention des conflits fonciers autour du mégaprojet des Rocades de Kinshasa. Lancé en juin 2024 pour désenclaver la capitale et fluidifier son trafic, ce chantier stratégique pourrait, selon le Président, générer des tensions entre occupants historiques, nouveaux acquéreurs et autorités, notamment en raison d’expropriations ou d’occupations informelles.
Pour éviter les dérives, le gouvernement a reçu quatre directives claires :
1. Transparence totale dans l’attribution des terres via des procédures traçables ;
2. Concertation locale renforcée entre populations, investisseurs et autorités ;
3. Indemnisations équitables pour les expropriations ;
4. Création de cellules de médiation pour anticiper les litiges.
La Ministre des Affaires Foncières, en synergie avec les ministères de la Justice, des Infrastructures et de l’Aménagement du Territoire, devra mettre en place un dispositif de régulation d’ici 30 jours. « Une gouvernance foncière responsable est essentielle pour accompagner la modernisation urbaine sans sacrifier la paix sociale», a insisté le Président.
Alors que les provinces sont sommées de retrouver un fonctionnement apaisé, Kinshasa se prépare à une métamorphose urbaine sous le signe de l’équité. Reste à voir comment ces mesures, une fois appliquées, impacteront le quotidien des Congolais, entre attentes de développement et préservation des droits.
La prochaine Conférence des Gouverneurs et le rapport sur les conflits fonciers seront des étapes clés à suivre dans les semaines à venir.
Rédaction : Horus-Gabriel Buzitu