RDC| Le ministre Gisaro dénonce le « poison rwandais » concernant une prétendue marginalisation de la communauté Banyamulenge en RDC

Le ministre de la Communication et des Médias, Patrick Muyaya, et son homologue des Infrastructures et Travaux Publics, Alexy Gisaro Muvunyi, ont coanimé ce mardi un briefing spécial axé sur la guerre imposée à l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC) par l’armée rwandaise et ses supplétifs du M23-AFC. Au cœur des échanges : le rejet catégorique du « narratif rwandais » accusé de diviser les Congolais, notamment en instrumentalisant la communauté Banyamulenge.

Le ministre Alexy Gisaro, lui-même issu de la communauté Banyamulenge, a exprimé sa « profonde compassion » envers les populations de l’Est, tout en dénonçant les manœuvres de Kigali.

Ministre des Infrastructures de la RDC Alexy Gisaro MUVUNYI

« La communauté Banyamulenge vit un déchirement : voir un pays voisin exploiter des tensions internes pour justifier des massacres est inacceptable », a-t-il déclaré.

Il a insisté sur le fait que les défis de cohabitation dans un pays aussi vaste que la RDC, avec ses 450 ethnies, doivent être réglés « par les Congolais, pour les Congolais », sans ingérence extérieure.

« Les Tutsis ne sont pas exterminés en RDC. Ce projet n’existe que dans l’imaginaire du Rwanda, qui cherche à légitimer son agression », a martelé Gisaro, rejetant toute prétention rwandaise à « protéger » sa communauté.

« Nous n’avons jamais invité le Rwanda. Notre protection, c’est l’État congolais », a-t-il asséné, appelant à ne pas céder aux « discours de haine » propagés par Kigali.

Pour le ministre des Infrastructures, la guerre actuelle cache des enjeux économiques stratégiques. Il a pointé du doigt « l’économie de pillage des ressources de la RDC » et les projets d’infrastructures menés avec l’Ouganda, comme la route Kasindi-Beni-Butembo et celle de Bunagana-Rutshuru-Goma (Nord-Kivu).

« Ces axes routiers entraveraient les trafics illégaux du Rwanda, qui prospère sur l’instabilité de notre Est », a-t-il expliqué.

Concernant la présence de l’armée ougandaise en RDC, Gisaro a rappelé qu’elle découle d’un accord bilatéral visant à neutraliser les Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR), un groupe armé menaçant Kampala. Une collaboration qu’il distingue clairement de l’« invasion » rwandaise.

Les ministres ont aussi réagi aux récentes discussions au Parlement rwandais sur une révision des frontières, contestant la souveraineté congolaise sur des territoires de l’Est.

« Les règles internationales sont claires : nos frontières sont intangibles. Les Tutsis de la RDC ont toujours coexisté avec d’autres communautés, même sous la colonisation », a rappelé Gisaro, qualifiant ces velléités de « projet annexionniste ».

Ministre de la Communication et Médias Patrick Muyaya

Patrick Muyaya a, quant à lui, détaillé la stratégie de Kigali : « Dès qu’ils occupent un territoire, ils brûlent les archives et y déplacent des populations pour modifier la démographie. Leur but est de morceler la RDC. »

Le ministre Gisaro a fermement rejeté l’idée d’une marginalisation des Banyamulenge, rappelant leur représentation historique dans les institutions.

« Cette communauté a toujours occupé des postes élevés, au gouvernement comme dans l’administration. Parler de discrimination est un poison rwandais », a-t-il insisté, citant sa propre nomination comme preuve d’inclusion.

Les deux ministres ont appelé les Congolais à « résister aux manipulations » de Kigali et à préserver l’unité nationale.

« La RDC est un pays de droit, où la diversité est une force. Ne laissons pas un voisin belliqueux écrire notre histoire à notre place », a conclu Patrick Muyaya, promettant une « communication offensive » pour contrer la désinformation.

Rédaction : Horus-Gabriel Buzitu

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