Dans un contexte où la dédollarisation de l’économie est un enjeu majeur, l’ancien gouverneur de la Banque centrale du Congo (BCC), Jean-Claude Masangu Mulongo, partage des réflexions éclairantes. Ses études menées à la BCC lorsqu’il était à la tête de l’Institution d’Émission mettent en lumière des éléments essentiels pour comprendre ce processus.
Selon les recherches de Masangu, les pays qui ont réussi à dédollariser leur économie ont connu entre 10 et 15 ans de stabilité de leur monnaie nationale. Cette période permet à la population d’avoir suffisamment confiance en sa propre monnaie et de ne pas recourir systématiquement aux devises étrangères, notamment le dollar.
Lorsque le gouvernement Matata a pris la décision de dédollariser l’économie congolaise, Masangu n’était pas favorable à cette approche. Il avait réussi à stabiliser le franc congolais (FC) autour de 910-920 FC pendant 5 à 7 ans. Cependant, l’expérience a montré que l’affichage des prix en francs congolais n’était pas suffisant pour instaurer la confiance nécessaire.
Actuellement, 90 à 95 % des dépôts bancaires en RDC sont constitués en dollars américains (USD). Les transactions en ligne et électroniques, telles que les paiements par cartes de crédit, Airtel Money, Orange Money et M-Pesa, se font également en USD proportionnellement aux dépôts en banques.
Bien que les TPE soient théoriquement utilisés pour les paiements en francs congolais, la réalité est différente. Environ 90 à 95 % des clients préfèrent effectuer leurs paiements en dollars. Le vrai défi réside donc dans la stabilité du taux de change et des prix, plutôt que dans les paiements en USD via les TPE.
Pour résoudre les problèmes liés à l’instabilité monétaire, Masangu insiste sur la nécessité de diversifier l’économie. Cela passe par un climat des affaires favorable, encourageant la production locale, la transformation, la consommation, l’épargne et l’investissement sur le sol congolais.