RDC| Goma : 6 différents taux pour 1 dollar, symbole d’un marché monétaire en dérive

Dans une économie déjà mise à mal par l’insécurité et les tensions politiques, la ville de Goma fait face à une nouvelle crise : la multiplication des taux de change pour le dollar américain. Pas moins de six cours différents coexistent actuellement, plongeant les habitants dans une précarité accrue et reflétant les profondes dérives du marché monétaire local.

Un dollar, six valeurs : une aberration économique

Sur le terrain, la situation est chaotique. Alors que la Banque centrale du Congo (BCC) affiche un taux officiel de 2 859,46 CDF pour 1 dollar, les transactions quotidiennes oscillent entre 2 800 et 3 500 CDF selon les quartiers, les réseaux informels, ou même le moment de la journée. Certains commerçants, particulièrement dans les zones frontalières, vont jusqu’à exiger 4 000 CDF, arguant des risques liés à l’importation de devises.

« Hier, j’ai acheté 1 dollar à 3 000 francs au marché, et aujourd’hui, on me demande 3 300 francs pour le même billet. Comment survivre dans ces conditions? ››, témoigne Jean-Bosco, un enseignant frustré.

Insécurité et spéculation : un cocktail explosif

Les analystes pointent plusieurs causes à cette instabilité : la rareté des dollars en circulation, la défiance envers les institutions financières et surtout, l’impact des groupes armés qui occupent la région depuis quelques mois. « Les opérateurs économiques jouent sur la peur et la pénurie pour spéculer », explique Éric Nkusi, économiste basé à Goma.

Les conséquences sont dramatiques pour une population à bout de force. Les prix des produits de première nécessité souvent importés flambent, tandis que le gouvernement central de son côté annonce une fermeture de toutes banques pour préserver la souveraineté financière.

La BCC, de son côté a réaffirmé son engagement à surveiller les dynamiques monétaires et à prendre les mesures nécessaires pour préserver la stabilité financière nationale.

En attendant, les Gomatraciens naviguent à vue, contraints de jongler entre plusieurs taux pour survivre au jour le jour. Une réalité qui illustre, une fois de plus, la fragilité économique d’une région en proie à de multiples crises.

Par Dieumerci Anawezi

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