RDC| Forum National à Kinshasa : Les médias congolais mobilisés pour la paix et la cohésion face à la guerre à l’Est

L’hôtel Béatrice, au cœur de Kinshasa, a accueilli ce lundi un forum national sur l’engagement des médias pour la paix, la sécurité et la cohésion nationale. Organisé conjointement par l’ONG Journaliste en Danger (JED), l’Union Nationale de la Presse du Congo (UNPC), et le ministère de la Communication et des Médias, cet événement s’inscrit dans un contexte critique marqué par trois décennies de guerre d’agression dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC).

Le ministre de la Communication et des Médias, Patrick Muyaya, a ouvert les débats en soulignant l’urgence d’une synergie entre médias et institutions face à la crise.

« Avant d’être des professionnels des médias, vous êtes d’abord des Congolais. Cette guerre est faite aux Congolais », a-t-il rappelé à l’assistance, insistant sur le rôle clé des journalistes dans la diffusion d’une information « juste et responsable ».

Le ministre a salué la mobilisation précoce des médias dès les premières heures du conflit, tout en exprimant sa solidarité envers les journalistes « bloqués dans les zones de guerre ou sous occupation, contraints au silence par les intimidations et les arrestations ». Il a réaffirmé l’engagement du gouvernement à « rétablir la paix, protéger les droits fondamentaux et garantir la sécurité de tous les citoyens, y compris les acteurs des médias ».

Tshivis Tshivuadi, président de JED, a dressé un tableau sombre des conséquences de la guerre sur la profession.

Tshivis Tshivuadi, président de l’ONG Journaiste En Denger

« Nos confrères sont réduits à l’errance ou au silence. Dans ce chaos, quel rôle devons-nous jouer ? », s’est-il interrogé.

Il a rappelé les trois missions phares assignées aux médias par ce forum : interpeller les acteurs politiques, sensibiliser les populations, et restaurer la confiance dans un avenir pacifique.

« Les médias ont le pouvoir d’apaiser ou d’enflammer les tensions. Les articles que vous publiez, les débats que vous animez, peuvent renforcer les efforts de paix ou les anéantir », a-t-il martelé, appelant à une couverture médiatique « constructive et éthique » des négociations en cours.

Kamanda wa Kamanda Muzembe, président national de l’UNPC, a mis en lumière les dilemmes quotidiens des journalistes en zone de conflit.

Kamanda wa Kamanda Muzembe, président national de l’UNPC

« Entre le devoir d’objectivité, la pression sécuritaire et la lutte pour leur survie, les professionnels des médias naviguent en eaux troubles », a-t-il expliqué. Il a insisté sur la nécessité d’un « encadrement éthique » pour préserver l’intégrité de l’information, tout en exprimant sa solidarité avec les promoteurs de médias « financièrement asphyxiés par la crise ».

« Dans ce contexte, le journaliste doit concilier sa conscience citoyenne et son éthique professionnelle. Ce forum arrive à point nommé pour rappeler que, même en temps de guerre, le public a droit à une information équilibrée », a-t-il déclaré, saluant le thème central des assises : « Les médias pour la paix et la sécurité dans le contexte d’agression de l’Est de la RDC ».

Les participants ont plaidé pour une collaboration renforcée entre pouvoirs publics, ONG et rédactions. Parmi les résolutions émergentes : la création de mécanismes de protection des journalistes en zones à risque, la formation aux reportages sensibles, et la promotion de contenus médiatiques favorisant le dialogue communautaire.

« Les médias ne sont pas que des témoins. Ils sont des acteurs de la paix », a conclu Tshivis Tshivuadi, appelant à une « alliance stratégique » contre la désinformation et les discours de haine.

Rédaction : Horus-Gabriel Buzitu

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