RDC| Culture : A la découverte du peuple Nande ou Yira

A la découverte du peuple Nande ou Yira. Les Nande (Yira) sont une population bantoue d’Afrique centrale établie dans l’est de la république démocratique du Congo dans les territoires de Beni et Lubero, ils constituent plus de 60 % de la population de la province du Nord-Kivu, ils sont également en Ouganda où ils sont appelés Konjo. C’est le peuple le plus entreprenant et dynamique du pays.
Les Yira sont subdivisés en 12 clans dont les Baswagha, Basukali, Bamate, Bahira, Bakira, Bahambo, Bito, Batangi, Bahumbe, Bakumbule, Batike et Babinga. Chaque clan est indépendant et régné par son propre chef de famille, également appelé roi (omukama, omughole ou omwami). Il n’y a pas de roi suprême commun des Yira.


Les Nande sont originaires de Muhulungu sur la rive droite proche de la rivière Semliki, et de la côte Ouest du lac Édouard. De cette grotte d’Isonga, Muhiyi, premier explorateur Nande du Nord-Kivu, visita Vitungwe où il installera son «Ekikali» (ou quartier général), Isale, Malio, Kasongwere.
Leur langue est Oluyira (ou kinande), une langue bantoue dont le nombre de locuteurs en RDC était estimé à plus de 10 000 000 en 2022 et près de 1 000 000 en Ouganda, mais beaucoup parlent aussi la langue véhiculaire de la région, le swahili et un petit nombre, le lingala (langue la plus célèbre dans la musique et l’administration publique congolaise).

Commerce et Développement
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Chez la population Nande on pratique beaucoup le commerce.
Historiquement, les Nande ont pratiqué le commerce du sel du lac Katwe en Ouganda. Grâce à l’évolution du commerce chez les Nande et à la suite de leurs fortes relations économiques avec l’Afrique Orientale, le Moyen et l’Extrême Orient, des villages sont devenus actuellement des villes : Butembo, Beni, Oicha, Luholu, Kasindi… et des agglomérations voisines sont devenues des villes : Goma, Kisangani, Bunia, Isiro, etc.
Malgré la crise économique qui frappait tout le pays durant l’époque de la république du Zaïre, la région de Beni-Lubero et la ville de Butembo ont maintenu une activité économique florissante et jusqu’aujourd’hui malgré les guerres. L’ industrialisation avait commencer dans la région à l’initiative de l’élite économique locale avec la zone économique spéciale de Musienene. Le peuple Nande a également produit une élite intellectuelle qui s’est distinguée dans tous les domaines de la vie nationale et internationale, et particulièrement :

  • dans la société civile et les ONG de développement;
  • dans les partis politiques;
  • dans la gestion publique du pays;
  • dans l’ingénierie;
  • dans l’église catholique et protestante;
  • dans l’enseignement supérieur et universitaire;
  • dans la médecine;
  • dans les arts;
    Agriculture
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    Le peuple Nande est avant tout agriculteur et éleveur de petit bétail, l’élevage de bovin étant une particularité de certaines grandes familles seulement. Ils sont devenus les grands producteurs et exportateurs du café, cacao, quinquina et thé de toute la république démocratique du Congo. Les bananes plantains, tubercules, céréales,… sont d’autres denrées alimentaires les plus cultivées chez ce peuple. Ils pratiquent la pêche dans le lac Édouard (lac Mutsyamiria) avec une production de 16 000 tonnes des poissons par an aussi dans les rivières Semliki, Tayna, Talihya, Luholu, etc.
    À la suite de cette évolution de l’agriculture durant des siècles chez ce peuple, plusieurs organisations viennent de voir jour localement pour accompagner durablement ces paysans agriculteurs.

Culture
Le terme « Kyaghanda » désigne la case à deux et parfois trois entrées, généralement située au milieu du village. C’est là que les habitants du village se réunissent habituellement pour régler leurs problèmes vitaux et apporter, en toute solidarité, des solutions jugées adaptées. Les Kyaghanda actuellement exercent leurs activités dans plusieurs villes et villages du monde entier là où les Yira se rencontrent

Danses et Musique
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La danse en Oluyira : « amasata, amavina, amahotole » est un geste par excellence traduisant les divers sentiments de l’homme se développant à la fois comme rythme dans le temps et dans l’espace. La position et le mouvement du corps dans la danse Yira traduit la prière.
Voici quelques danses Yira selon les circonstances d’exhibition et ensuite selon les instruments d’exécution :
a) Les danses selon les circonstances d’exhibition
Les danses peuvent être actuelles, ancestrales selon les évènements joyeux et tristes ou circonstances pittoresques. L’art de la danse étant sacré ou profane nous distinguons la danse spectacle et la danse distraction.
Nous distinguons chez les Yira :
Les danses de réjouissances populaires: Omunde, Amalembo, Amangudu, Amatakiyo, Ebwaya, Ekila, Endara, Enduku et Erisole.
Les danses d’intronisation ou d’investiture : Emburura, Endungulu et Erighomba.
Les danses d’initiation : Amaghengeleghengele, Engyengo, Omukumo w’avakali n’ow’avalume, Omumbitili et Omutetere.
Les danses mortuaires : Amasindula, Engwaki, Omukonga, Omukovo et Ovusingiri.
Les danses de recréation ou de divertissement : Akasambi, Akasayi, Dahudahu, Ekibaliya, Ekidali, Ekimbati, Ekimbakisi, Ekipulenge, Ekituta, Ekiyamba, Ekururu, Emikalihyo, Enanga, Endeku, Epuli, Eriduku, Erikembe, Olusengo, Oluveve, Omughoviro, Omusayi et Ovurwani.
b) Les danses selon les instruments
A. Idiophones : Ces sont des instruments où c’est la matière dont ils sont composés qui fournit le son grâce à ses propriétés acoustiques.
à percussion directe :
Endara (Xylophone)
Esyongereghese ou ngangatiro (gong)
Esyonzeve

  1. à percussion indirecte :
    Erisengo (grelot en calebasse)
    Eritsetse (Grelot coque de fruits)
    Ekiyamba (Grelot)
  2. par pincement :
    Akasambi (cafre)
    Erikembe (sanza) ou lamellophone
    Akasayi
    B. Aérophones : Ce sont des instruments à air ou à vent ayant un biseau ou anche.
    Erirenga (Sifflet)
    Enyamulera et epuli (Flûte traversière)
    Endeku-neku (sifflet)
    Enguvi (trompette à corne)
    Embingu (sifflet de sorcier)
    Orumaka (trompette en bois) sifflet pour les faiseurs du beau temps
    Orwamo (sifflet du faiseur de pluie)
    C. Membanophones : Le son est dû à une membrane tendue. Les danses suivantes s’exécutent à l’accompagnement des tambours.
    Erighomba (eritingi, endingwa, emburura, endungulu)
    Erisole-Omunde-Ovusingiri-Omukumo-Omukonga
    Amasinduka-Eluma-Ekila-Amalembo
    Ebwaya-engwaya-Ekituta-Omukurusu
    Ekibaliya
    D. Cordophones : Tous les instruments sans manches distincts de la caisse et dont les cordes sont parallèles à sa table de résonances.
    Ekipulenge :arc musical (cithare à bouches)
    Omughoviro :à auge
    harpes arquées :
    Enzenze (cithare en bâton)
    Enanga (harpe arquée à caisse violonée)
    Ekidali (Guitare)
  3. Cithares
    Akaghovoghovo (rebec ou vièle)
    Akawerewere
    Le terme « ISUMBA » désigne à la fois des sociétés secrètes et les statuettes en argile utilisées dans le cadre des rites d’initiation. Ces sociétés fermées étaient réservées aux hommes, qui devaient reconnaître chaque figurine et les disposer dans un ordre précis.
    Les statuettes ci-dessous proviennent des environs de Lubero dans le Nord-Kivu (auj. en république démocratique du Congo). Elles sont conservées au Musée royal de l’Afrique centrale, en Belgique.
    Le mythe du grand Tambour
    Le mythe du grand Tambour commence par l’histoire du couple et de la famille humaine. Il raconte que : “Là-haut, sur la colline de la création, plus haut que les nuages du Rwenzori, Dieu Nyamuhanga le Créateur donna à chaque créature une mission.
    La vache Ende portait entre ses cornes un grand Tambour Risingi. Dieu Nyamuhanga y avait placé deux êtres humains : Kisi le Grand Soleil et Nyabhandu, la mère des hommes. Chacun était assis sur sa chaise royale e’ndeve et y respirait le parfum d’encens o’bhukwa ; pour voir l’autre dans cette obscurité Dieu Nyamuhanga avait donné à Kisi et à Nyabhandu une conscience o’bhulhengekania et des cheveux bio-efflorescents qui brillaient comme la luciole (e’ngununu). Ce grand Tambour était le pays de la grande paix O’bhuthekane.
    Un jour, la vache voulut se soulager. Elle regarda en bas et fit tomber le grand Tambour. Elle courut vers Dieu Nyamuhanga pour se faire pardonner d’avoir perdu sa charge royale. Dieu Nyamuhanga l’envoya se réconcilier avec ceux qui étaient assis dans le grand Tambour qui devint une pirogue en s’écrasant sur le lac Mutsyamiria (le lac Edouard aujourd’hui). Pendant que le grand Tambour descendait à pique, Kisi le Grand Soleil bouscula Nyabhandu la mère des hommes. Celle-ci émit la première parole des hommes qui est une interrogation : « que fais-tu Ukayira uthi ? » D’où l’éthnonyme Yira donné aux Nande pour désigner le peuple de ceux qui sont nés après la première parole de nos Ancêtres Nyabhandu et Kisi. Le village qu’ils ont fondé s’appelle bhuhikira, le lieu où ils ont atterri ; l’enfant qui y est né, s’appelle Mukira l’ancêtre du clan Bakira ; ils eurent beaucoup d’enfants, qui sont les Ancêtres fondateurs de tous les clans YIRA avec toutes ses ramifications”.
    La traversée sur le dos du Dragon (Omughongo we ndioka)
    Ainsi, selon la mythologie transmise de père à fils, les nande traversèrent la rivière Semliki, sur le dos du dragon pour parvenir à l’autre rive au Congo. A dire vrai, le passage se fit au gué de Kapanza. Au moment de la sécheresse, les pierres émergent de l’eau de sorte qu’on peut facilement traverser le fleuve.
    Ce sont ces pointes de pierres qui ont été comparées au dos écailleux du dragon que la tradition narrative véhicule de père à fils comme une mythologie, avec une idée religieuse sous-jacente. Cette traversée mystérieuse fut rendue possible grâce à l’intervention de l’esprit Katulikanzira, qui précéda le convoi des immigrants et les installa au lieu de son choix. Néanmoins, lors de la traversée, une partie des Nande resta en Ouganda sur la côte est des monts du Ruwenzori et de la rivière Semliki qui séparent le Congo de l’Ouganda. Ceux-ci sont actuellement appelés Konjo. Ils furent séparés géographiquement et administrativement de leurs frères Nande lors du découpage et du partage de l’Afrique entre les grandes puissances européennes en 1885. Ils gardent, toutefois, les mêmes us et coutumes que les nande hormis les nuances linguistiques en kikonjo.
    Le mythe cosmogonique du Ruwenzori
    La tradition Yira rapporte qu’un jour sur la colline de la création, le Dieu Créateur O’Muhangitshi exauça la prière des Nande qui étaient menacés par une famine due à une sécheresse très incendiaire. Il convoqua toutes les divinités célestes Bhalhimu qui se trouvent dans le monde pour le protéger. Il leur ordonna de transporter la montagne Ruwenzori pour aller la planter au milieu du pays des Nande qui manquaient terriblement d’eau.
    Hangi l’Esprit de la providence et de la chance était au premier rang suivi de Mbolu la protectrice de la jeunesse féminine et Lusenge le protecteur de la jeunesse masculine. L’Esprit Kapipi le Maître de la forêt et de l’initiation à la sagesse, était au dernier rang entouré de sa meute de soixante-dix-sept chiens sacrés de la chasse. Le convoi comprenait aussi toutes les déesses chargées des présents à offrir en cadeaux à Dieu Nyamuhanga l’Etre Suprême dès leur arrivée au pays des Nande. Comme la Providence Hangi marchait très vite, l’Esprit Muhima le Grand Devin céleste, prétendit qu’il transportait seul la montagne Ruwenzori. Les autres divinités se fâchèrent et lâchèrent la montagne Ruwenzori pour faire comprendre au Grand Devin Muhima que seul, il était dans l’incapacité d’accomplir cette lourde tâche de transporter une montagne.
    Pour calmer leur colère, l’Esprit de la Providence Hangi fit tomber la pluie sur tout le pays où sévissait la sécheresse. Il réconcilia tous les membres du cortège en les invitant au dialogue où la prise de parole fut donnée à chacun par l’Esprit Mulhekya le Pacificateur, joyeux d’avoir été rafraîchi par la douche céleste. Quand vint le tour des animaux de parler, le plus petit des chiens de la dernière meute de la divinité Kapipi adressa cette parole célèbre au Grand Devin Muhima : ” il faut savoir compter sur les autres “. C’est pourquoi le massif du Ruwenzori est toujours là où les dieux l’avaient abandonné. Il n’a plus bougé, il continue à y faire couler l’eau fraîche de la Providence Hangi.
    C’est la raison pour laquelle tous les rites de réconciliation entre les clans commencent par les gestes d’aspersion aux épaules et d’ablution aux pieds et la main avec de l’eau puisée au glacier du Ruwenzori ou Tsithwa –tsya- Nzururu qui veut dire la grande colline aux neiges éternelles en langue locale le kinande

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