Le partenariat minier et infrastructurel liant la République Démocratique du Congo (RDC) à la Chine depuis 2008, surnommé le « contrat du siècle », est aujourd’hui au cœur d’une polémique croissante. Alors que le gouvernement congolais défend ce projet comme un levier de développement, l’ONG « Le Congo n’est pas à vendre » dénonce un accord déséquilibré et préjudiciable aux intérêts nationaux, relançant le débat sur la souveraineté économique du pays.
Signé en 2008 et révisé à plusieurs reprises, ce contrat d’une valeur initiale de 9 milliards de dollars devait marquer un tournant pour la RDC. En échange de l’accès aux gigantesques réserves congolaises de cuivre et de cobalt (essentiel pour les batteries électriques), la Chine s’engageait à construire des infrastructures routières, ferroviaires, hospitalières et scolaires. Pour Kinshasa, l’objectif était double : moderniser le pays et monétiser ses ressources minières.
Pourtant, plus de quinze ans plus tard, le bilan est mitigé. Si des routes et des hôpitaux ont été érigés, de nombreux projets restent inachevés ou jugés de qualité médiocre.
« Les infrastructures promises ne correspondent souvent pas aux standards internationaux. Certaines routes se dégradent après à peine deux ans », déplore un rapport de la Banque mondiale.
Dans un rapport accablant publié ce mois-ci, l’ONG « Le Congo n’est pas à vendre » accuse le contrat de sacrifier les intérêts congolais au profit des entreprises chinoises. Selon l’organisation, les termes de l’accord accordent une part disproportionnée des bénéfices à la Chine, tandis que la RDC assume les risques écologiques et économiques.
« La RDC possède des ressources incroyables, mais elles sont exploitées au profit d’intérêts étrangers, tandis que la population continue de vivre dans la pauvreté », dénonce Jean-Claude Mputu, porte-parole de l’ONG.
L’organisation pointe également un manque criant de transparence dans la gestion des revenus miniers et l’absence de contrôles indépendants sur l’utilisation des fonds.
La polémique s’intensifie autour du cobalt, dont la RDC détient 70 % des réserves mondiales. Essentiel pour la transition énergétique, ce minerai est au cœur d’une course internationale. Or, selon l’ONG, le contrat accorde à la Chine un accès privilégié à cette ressource stratégique, sans garantie de retombées équitables pour les Congolais.
« Nous ne sommes pas contre la coopération internationale, mais elle doit être équitable et transparente. Aujourd’hui, la RDC risque de perdre le contrôle de ses richesses », insiste Jean-Claude Mputu.
Face aux critiques, l’ambassade de Chine à Kinshasa a réaffirmé son engagement :
« La Chine est un partenaire fiable. Nous œuvrons main dans la main avec nos amis congolais pour un avenir prospère », a déclaré un représentant diplomatique.
Pékin met en avant les 5 000 emplois directs créés par ses entreprises et les infrastructures déjà livrées.
Alors que la demande mondiale en cobalt et en cuivre explose, la RDC se trouve à un carrefour. Le « contrat du siècle » pourrait devenir un exemple de coopération gagnant-gagnant… ou un symbole de plus de la dépendance néocoloniale. Pour les défenseurs des droits économiques, il est temps de renégocier les termes, d’imposer des audits indépendants et de prioriser l’intérêt des Congolais.
Rédaction : Dieumerci Anawezi