Le Ministre de la Communication et des Médias, Patrick Muyaya, et le Vice-Premier Ministre, Ministre de l’Intérieur, Jacquemain Shabani, ont conjointement animé une conférence de presse ce mardi. L’objectif était d’éclairer l’opinion publique sur les déclarations de Doha, leurs enjeux, leurs grandes orientations et les perspectives qu’elles ouvrent pour une paix durable dans l’est de la République Démocratique du Congo.

En introduction, le Ministre Muyaya a retracé le chemin parcouru par le gouvernement avant l’aboutissement à l’accord avec le M23. Il a souligné la rencontre déterminante entre le Président Félix Tshisekedi et son homologue rwandais Paul Kagame, le 18 mars 2025 au Qatar, où leur volonté commune de parvenir à la paix s’est concrétisée. Cette volonté a ensuite conduit à des négociations directes entre le gouvernement congolais et le M23. Le processus a connu une étape majeure avec la signature, le 27 juin 2025 à Washington D.C., d’une déclaration entre les Ministres des Affaires étrangères de la RDC et du Rwanda. Enfin, la déclaration des principes intervenue ce 19 juillet 2025 a établi les points essentiels qui structureront l’accord d’accompagnement de l’initiative de paix entre la coalition M23-AFC et la RDC.

Les sept piliers de la déclaration des principes
Le Vice-Premier Ministre Jacquemain Shabani a détaillé les sept points fondamentaux du document de paix :
- Principes généraux et cessez-le-feu : Le ministre a insisté sur la continuité du processus. « Aujourd’hui avec la déclaration de principes, la médiation a ramené les parties à réaffirmer leur engagement du mois d’avril« . Il a rappelé la signature d’un communiqué en avril entre le gouvernement et la coalition M23, suivi de la mise en place d’un mécanisme de suivi et de vérification des violations. Concernant la suite, il a annoncé : « Et dans les jours qui viennent, il y aura la signature d’un accord de paix qui sera constitué de plus de mesures et de mesures d’accompagnement des engagements en termes d’actes comme la restauration de l’autorité de l’État« .
- Mesures de confiance : Ce point est présenté comme un principe structurant du futur accord. « ce sont les mesures de confiance. Ici, la médiation a estimé que ce point soit considéré comme un principe qui va encadrer l’accord de paix qui sera très prochainement signé. Il est question de poser des actes qui démontrent la confiance de deux parties. Il pourra s’agir par exemple de la libération de prisonniers de part et d’autre. Le retrait de forces belligérantes sur certains territoires occupés« .
- Restauration de l’autorité de l’État : Ce processus passe par le redéploiement des attributs du pouvoir public. Le ministère de l’Intérieur y travaille activement. « C’est un processus qui exige la mise en place de mécanismes à mettre en place qui seront détaillés dans l’accord de paix« .
- Retour des réfugiés et déplacés : Le droit international humanitaire servira de cadre de référence. « Avec le concours du HCR, toutes les questions seront examinées. D’ailleurs, cette semaine, à Addis-Abeba (Ethiopie), il va se tenir une réunion tripartite HCR-RDC-Rwanda pour traiter et actualiser la problématique de questions de réfugiés qui se trouvent de part et d’autre de la frontière« .
- Rôle de la MONUSCO et des mécanismes régionaux : La protection des civils dans les zones de conflit postérieures aux accords nécessite une implication pleine et entière de la MONUSCO.
Me Shabani a souligné la valeur ajoutée de chaque étape du processus. L’accord de Washington a permis d’identifier clairement le Rwanda comme un acteur majeur du conflit, l’engageant à prendre ses responsabilités. Quant aux discussions de Doha, elles se sont concentrées sur les acteurs congolais directement impliqués sur le terrain et leurs obligations pour une paix durable. Chaque document contribue ainsi à l’édifice global de la paix.
Interrogé sur le calendrier précis de la paix tangible dans les zones de conflit, le Vice-Premier Ministre a appelé à la patience : « La paix, on va la construire et ce processus va prendre un certain temps. Ça ne sera pas du tic au tac« .
Le rôle crucial des médias
Enfin, le Ministre Muyaya a informé de la tenue d’une réunion matinale avec les responsables de médias. Ces derniers se sont engagés à soutenir les efforts de construction de la paix. Le porte-parole du gouvernement a insisté sur la nécessité d’éviter tout amalgame et sur l’adoption de postures et de discours responsables par les médias en cette période sensible, rappelant leur rôle fondamental dans la réussite de ces processus complexes.
Par Horus-Gabriel Buzitu