Ce mardi 18 février 2025, le ministre de la Communication et des Médias, Patrick Muyaya, et son homologue des Mines, Kizito Pakabomba, ont tenu un briefing conjoint pour exposer les enjeux économiques et humanitaires liés à l’exploitation illégale des ressources minières de la République démocratique du Congo (RDC). Au cœur des échanges : la dénonciation d’une « guerre d’agression économique » menée par le Rwanda, accusé de structurer son économie sur le pillage des minerais congolais.
D’entrée de jeu, Patrick Muyaya a martelé que le conflit actuel trouve ses racines dans trois décennies de prédation rwandaise :

« Si on nous fait la guerre, c’est parce que depuis 30 ans, le Rwanda a construit son économie sur le dos de la RDC, volant ce qui doit contribuer à construire nos routes, écoles et hôpitaux ».
Une accusation étayée par des chiffres chocs présentés par le ministre des Mines, Kizito Pakabomba :
Le Rwanda exporte mensuellement plus de 10 millions de dollars de minerais divers et jusqu’à 80 millions de dollars d’or, bien qu’il ne dispose pas de gisements aurifères significatifs. – D’ici 2026, Kigali ambitionne d’atteindre 2 milliards de dollars d’exportations annuelles d’or, essentiellement issu, selon Kinshasa, du pillage systématique de l’est congolais. La raffinerie rwandaise Gasabo Gold exporterait 800 kilos d’or par jour vers les Émirats arabes unis, tandis que 150 tonnes de coltan congolais auraient déjà été détournées dans le site de Lubaya.

« Les Minerais de la RDC est une richesse sous nos pieds malheureusement un désastre sous nos yeux, Aujourd’hui, on le vit dans notre chère, nos populations sont meurtries, nos femmes violées, nos enfants abattus, et vives dans des conditions désastreuses, tout ça à cause del’agression imposée par le Rwanda » a dénoncé le Ministre de Mines Kizito Pakabomba
Face à cette prédation, le gouvernement congolais a détaillé une série de mesures pour reprendre le contrôle de ses ressources :
- Traçabilité des minerais : Le ministère des Mines a lancé un processus rigoureux pour certifier l’origine « propre » des minerais, excluant ceux liés aux conflits armés ou aux violations des droits humains ;
- Partenariats internationaux : Une feuille de route a été présentée à l’Union européenne pour garantir un approvisionnement éthique. Avec les États-Unis, la RDC travaille dans le cadre du Mineral Strategic Partnership* (MSP) pour intégrer les marchés occidentaux sans intermédiaires ;
- Déploiement de DRC Gold Trading : Cette entreprise publique 100% congolaise a été déployée dans la ceinture aurifère de l’est pour capter l’or artisanal et bloquer les exportations illégales vers le Rwanda ;
- La signature de l’arrêté du Ministère des Mines déclarant les territoires de Masisi dans la province du Nord-Kivu et de Kahele dans la province su sud-Kivu comme comme étant des zones rouges.
« Ces mesures assurent que les Congolais profitent enfin de leurs richesses. Mais elles dérangent le Rwanda, dont le régime survit grâce au pillage », a insisté le ministre des Mines.
« La RDC a mis en place son système de traçabilité pour assurer la livraison auprès des utliseurs finaux qui mettra fin à la projection de 2 milliards que le Rwanda souhaite atteindre, ce qui équivaut presqu’à la moitié du budget du Rwanda. » a ajouté le Ministre des Mines.
Interrogé sur une éventuelle collaboration future avec Kigali, Le Ministre de la Communication Patrick Muyaya a nuancé :
« Nous n’avons aucun problème avec le peuple rwandais, mais avec un régime qui pille et tue. Nous estimons que nous pouvons encore continuer à la collaborer avec les pays limitrophes mais tout d’abord terminer la guerre et passer par la justice pour que ceux qui sont coupables de ces massacres commis après tant d’années et en séries puissent en répondre ». a répondu le Ministre de la Communication Patrick Muyaya
le ministre de la Communication a lancé un vibrant plaidoyer contre les divisions ethniques, qualifiant de « poison rwandais » les rumeurs sur les réseaux sociaux évoquant des persécutions contre les les Swahiliphones : « Nous sommes 26 provinces unies. Pourquoi chasserions-nous une partie de nous-mêmes ? ».
La RDC mise sur une contre-offensive économique et diplomatique pour asphyxier le financement de l’agression rwandaise. Reste à savoir si la communauté internationale, souvent critiquée pour son silence, soutiendra Kinshasa dans ce combat pour la souveraineté et la justice.
Rédaction : Horus-Gabriel Buzitu