Ouganda : Museveni vise un nouveau mandat après 39 ans de pouvoir

Le président Yoweri Museveni, figure dominante de la scène politique ougandaise depuis près de quatre décennies, a officiellement entamé les démarches pour briguer un nouveau mandat à l’élection présidentielle prévue début 2026. Cette confirmation, longtemps anticipée, émane directement de son parti, le Mouvement de Résistance Nationale (NRM), au pouvoir.

À 80 ans, Museveni détient le titre de quatrième dirigeant africain ayant régné le plus longtemps, arrivé au pouvoir en 1986 par les armes. Son maintien à la tête du pays a été facilité par deux révisions successives de la Constitution, levant les limitations de mandat qui auraient dû mettre fin à son règne bien plus tôt. Cette nouvelle candidature, si elle aboutit, prolongerait son règne au-delà des 40 ans.

Tanga Odoi, président de la commission électorale du NRM, a annoncé dans une vidéo diffusée lundi par le radiodiffuseur public UBC (et relayée sur X) que Museveni retirerait les formulaires de candidature ce vendredi 28 juin pour représenter le parti. Cette formalité lance officiellement sa campagne pour un sixième mandat électoral.

Son principal adversaire sera une fois de plus Robert Kyagulanyi, plus connu sous son nom d’artiste Bobi Wine. Le chanteur devenu politicien, arrivé deuxième lors du scrutin très contesté de 2021, a déjà confirmé sa volonté de se présenter en 2026. Wine avait catégoriquement rejeté les résultats de la précédente élection, dénonçant des bourrages d’urnes massifs, des intimidations violentes des forces de sécurité et d’autres irrégularités qui auraient, selon lui, volé sa victoire.

Le régime de Museveni est régulièrement accusé par des organisations de défense des droits de l’homme, des observateurs internationaux et l’opposition d’utiliser des méthodes autoritaires pour se maintenir. Les critiques pointent du doigt un recours systématique au clientélisme, à la répression des voix dissidentes et à l’instrumentalisation des forces de sécurité pour étouffer toute contestation sérieuse. Le président, quant à lui, rejette ces accusations, affirmant que sa longévité politique est uniquement le fruit d’un large soutien populaire et des réalisations de son gouvernement.

Alors que l’Ouganda s’achemine vers une nouvelle élection présidentielle, la perspective d’un prolongement du règne de Museveni soulève des questions sur l’évolution démocratique du pays et la capacité de l’opposition, menée par la figure charismatique mais souvent muselée de Bobi Wine, à offrir une alternative crédible face à une machine politique bien rodée.

Par Djorres Tshivuadi

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *