À l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, l’UNESCO a publié un rapport mettant en lumière le double visage de l’intelligence artificielle (IA) dans le paysage médiatique. Entre opportunités inédites et risques majeurs, les professionnels des médias sont appelés à naviguer avec vigilance dans cette ère de transformation numérique.
L’organisation reconnaît d’abord les avantages offerts par l’IA : rapidité accrue dans le traitement de l’information, analyse de données massives pour révéler des tendances invisibles, ou encore automatisation de contenus simples (résultats sportifs, bulletins météo). Des rédactions utilisent déjà ces technologies pour gagner en efficacité, comme l’explique Clara Dupont, cheffe de projet dans un média français : « Grâce à l’IA, nos journalistes se concentrent sur des enquêtes approfondies, tandis que les tâches répétitives sont prises en charge par des algorithmes. »
Mais le rapport alerte surtout sur les dangers. L’IA facilite la création de deepfakes ultra-réalistes, la propagation de fausses informations à grande échelle et la surveillance ciblée des journalistes via l’analyse de leurs publications. Les algorithmes opaques des plateformes sociales, accusés de prioriser les contenus sensationnalistes, menacent aussi la diversité de l’information. « L’indépendance des médias est sapée par des outils conçus pour maximiser l’engagement, pas pour informer », dénonce Marcos Rivera, expert en éthique numérique à l’UNESCO.
Face à ces défis, l’UNESCO exhorte les acteurs des médias à adopter l’IA avec « discernement et principes ». Parmi les recommandations : renforcer la formation des journalistes aux risques algorithmiques, exiger la transparence des technologies utilisées et promouvoir une régulation internationale. « L’IA ne doit pas devenir l’outil des manipulateurs, mais un levier pour renforcer le journalisme d’investigation et l’accès à une information vérifiée », insiste Audrey Azoulay, directrice générale de l’organisation.
Si certains pays, comme le Canada ou la Norvège, ont déjà instauré des garde-fous légaux, le rapport souligne l’urgence d’une coopération mondiale. En 2025, plus de 60 % des contenus en ligne seraient générés par l’IA, selon les estimations. Dans ce contexte, les rédactions qui parviendront à allier innovation technologique et rigueur éthique pourraient incarner l’avenir d’une presse libre.
En cette journée symbolique, un message ressort : sans vigilance, l’intelligence artificielle pourrait affaiblir les démocraties. Mais entre les mains d’une profession responsable, elle reste un espoir pour défendre la vérité.
Rédaction : Horus-Gabriel Buzitu