MONDE| Chute de 14,24 % du prix du café robusta sur les marchés internationaux : quelles conséquences pour les acteurs économiques ?

Une surproduction et une demande atone pèsent sur les cours, relançant le débat sur la stabilité des revenus des producteurs.

Le café robusta, l’une des deux principales variétés de café avec l’arabica, voit son prix s’effondrer de 14,24 % sur les marchés internationaux. Cette baisse, observée sur les places boursières comme l’ICE (Intercontinental Exchange) et le NYSE Liffe, reflète un déséquilibre entre l’offre et la demande. Les analystes pointent une production abondante au Vietnam et au Brésil, combinée à un ralentissement des achats en Europe et en Asie.

Selon les données de l’Organisation internationale du café (OIC), les stocks mondiaux de robusta ont augmenté de 8 % sur le dernier trimestre, tirés par des récoltes record au Vietnam, premier exportateur mondial. ‹‹ Les conditions climatiques favorables et l’extension des surfaces cultivées ont dopé l’offre ››, explique Maria Fernandez, économiste spécialisée dans les matières premières.

Parallèlement, la demande stagne, voire recule dans certains pays consommateurs en raison de l’inflation persistante sur les produits alimentaires. ‹‹ Les industriels réduisent leurs commandes en anticipant un ralentissement de la consommation des ménages ››, précise-t-elle.

Cette baisse des cours pénalise d’abord les petits planteurs, déjà fragilisés par la volatilité des prix.

‹‹ Avec un cours en dessous de 2 000 dollars la tonne, de nombreux agriculteurs vietnamiens et indonésiens ne couvrent plus leurs coûts de production ››, alerte Julien Moreau, expert en commerce équitable.

Les traders, en revanche, pourraient profiter de cette situation pour constituer des stocks à bas prix.

‹‹ Les torréfacteurs et les grandes marques vont bénéficier de marges plus confortables, mais cela ne se répercutera pas forcément sur les prix en rayon ››, souligne-t-il.

Certains pays producteurs, comme l’Ouganda et l’Inde, plaident pour une intervention des États ou de l’OIC pour stabiliser les cours, mais les outils régulateurs restent limités dans un marché libéralisé.

Cette chute des prix du robusta illustre les déséquilibres chroniques du marché caféier, où l’offre et la demande peinent à se synchroniser. Si les consommateurs pourraient en bénéficier indirectement, la crise rappelle la vulnérabilité des producteurs face aux aléas des cours mondiaux.

Par Dieumerci Anawezi

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