En marge de la 12ᵉ session de la conférence des gouverneurs de province « Lualaba 2025 », le ministre de la Communication et Médias, Porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya Katembwe, a prononcé un plaidoyer vigoureux en faveur d’une communication d’État coordonnée et stratégique. Son intervention, ce jeudi au Village de congrès, a souligné l’urgence d’intégrer pleinement cet enjeu dans la gouvernance provinciale.
Devant les représentants des 26 provinces, le ministre a établi un parallèle fondamental : « La communication est comme la sécurité. » Il a immédiatement précisé sa pensée : « Lorsqu’il s’agit de questions sécuritaires, je pense que lorsque les lignes sont tracées, les gens ne s’en écartent pas. » Pour Muyaya, dans un pays constamment confronté à des crises, une communication maîtrisée et anticipative est vitale pour prévenir et gérer les conséquences.
Le Porte-parole a insisté sur la nécessité de passer de la réaction à l’anticipation : « La communication est bonne lorsqu’on arrive à anticiper, car elle permet à l’acteur de dire ce qu’il souhaite, plutôt que de réagir lorsqu’il n’est plus temps de parler. » Il a pointé la complexité actuelle où « la parole publique est une parole challengeée », rendant indispensable un système permettant d’atteindre efficacement les populations.
L’accent a été mis sur le rôle crucial des médias publics (RTNC, ACP, RENATELSAT) et sur l’impératif de leur déploiement effectif dans toutes les provinces, notamment les nouvelles entités issues du découpage. Avec l’appui du Vice-Premier ministre Jacquemain Shabani Lokoo (Intérieur, Décentralisation et Affaires coutumières), le gouvernement entend accélérer leur implantation et leur modernisation. « Nous devons nous assurer que dans le Bas-Uélé, le Haut-Uélé, et en Ituri, il y ait des stations provinciales véritablement créées », a déclaré Muyaya, décrivant une station provinciale idéale comme un bâtiment doté de studios capables de produire des informations locales. « La viabilité, ici, c’est le cadre de travail », a-t-il ajouté, évoquant des discussions avec le gouverneur du Bas-Uélé et la recherche de ressources.
Le ministre a illustré les risques d’une communication défaillante par la pandémie de Covid-19 : « Nous aurions pu épargner des vies, si nous avions réussi pleinement une bonne communication, qui aurait pu contrer celle des personnes qui venaient dire “Qui dit vaccination, dit complot”. Que Bill Gates avait planifié un complot pour exterminer les Africains, d’où le refus de se faire vacciner. Ça, c’est un élément important. » Cet exemple souligne les conséquences dramatiques d’une information publique insuffisante face à la désinformation.
Patrick Muyaya a appelé les gouverneurs à mieux intégrer l’Agence Congolaise de Presse (ACP) dans leurs dispositifs : « Je ne sais pas si, dans vos bureaux respectifs, il y a au moins un représentant de l’Agence congolaise de presse. Car c’est elle qui est, en fait, la principale source de toutes les informations liées à notre pays. » Il a annoncé la mise en place, avec le VPM Shabani, d’un dispositif garantissant la diffusion large des décisions gouvernementales, du Conseil des ministres jusqu’aux entités territoriales décentralisées.
Une proposition ambitieuse a été formulée : « L’idée que j’avais suggérée au Vice-premier ministre, c’est d’examiner la possibilité de créer des radios dans nos 145 territoires. Car parfois, certains de nos territoires comptent autant d’habitants que certains pays. Il y a donc un impératif urgent. » Ce projet s’accompagnerait du développement de sites web provinciaux fonctionnels et de canaux sociaux bien gérés.
Le ministre a martelé que la redevabilité au XXIᵉ siècle passe impérativement par la communication. Il a exhorté les gouverneurs à mettre en place des mécanismes clairs et permanents pour informer les citoyens de leurs actions et de celles du gouvernement central. « Ce n’est que de cette manière que nous pouvons nous assurer que les messages du pays passent, et que nous œuvrons tous dans une dynamique collective pour le développement de notre pays. »
Il a également insisté sur l’application stricte de la charte graphique nationale par tous les services publics provinciaux (cartes de visite, papiers à en-tête, sites web), pour une identité républicaine unifiée.
En écho au thème central de la conférence, « La santé comme facteur de cohésion sociale et de développement durable des provinces », Muyaya a réaffirmé l’engagement de son ministère à soutenir ceux de la Santé, de l’Intérieur et de l’Éducation nationale. Il a conclu en reprenant la priorité du Chef de l’État, Félix-Antoine Tshisekedi : la lutte contre la malnutrition en RDC, un combat où la communication jouera un rôle clé. La modernisation de la communication républicaine apparaît désormais comme un levier incontournable de la décentralisation et du développement provincial.
Redaction : Horus-Gabriel Buzitu