Alors que la médiation entre Kinshasa et le mouvement rebelle du M23 se poursuit, le diplomate américain dresse un bilan en demi-teinte, saluant les avancées tout en pointant la complexité des questions institutionnelles qui ralentissent le processus.
Interrogé sur l’évolution des pourparlers de paix concernant la République démocratique du Congo (RDC), l’envoyé spécial des États-Unis, Massad Boulos, a adopté un ton à la fois optimiste et réaliste. S’il a salué les progrès accomplis sous l’égide de la médiation à Doha, il a surtout insisté sur la nécessité de faire preuve de patience, certaines questions touchant, selon lui, aux fondements de l’État congolais.
« Certaines questions peuvent être d’ordre constitutionnel, elles prennent du temps », a-t-il déclaré, évoquant les sensibles dossiers de l’intégration des anciens combattants dans l’armée nationale, de leur réinsertion sociale ou de leur participation potentielle aux fonctions locales.
Un processus par étapes
Malgré ces défis de taille, Massad Boulos a tenu à rappeler le chemin déjà parcouru. Le cadre de dialogue a, selon lui, déjà produit des résultats concrets. « D’abord, nous avons eu la Déclaration de principes, ensuite cet échange de prisonniers, et nous travaillons aussi sur un certain nombre de mesures de confiance », a-t-il détaillé.
L’envoyé spécial a précisé que l’accord concernant les prisonniers, une avancée notable, avait été conclu directement entre le gouvernement congolais et le M23. Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a, quant à lui, joué le rôle de facilitateur dans cette opération humanitaire.
Concernant les rumeurs d’une éventuelle rencontre de haut niveau à Washington, le diplomate américain a apporté une clarification nécessaire. « Nous n’avons jamais annoncé de date précise », a-t-il affirmé, tout en reconnaissant que cette possibilité avait bien été abordée dans le cadre des discussions diplomatiques. Cette précision vise à tempérer les attentes tout en maintenant l’idée d’un soutien américain au plus haut niveau.
Pour conclure, Massad Boulos est revenu sur la dimension humaine de cette crise prolongée, un aspect qu’il est essentiel de ne pas oublier au milieu des considérations politiques. Il a rappelé le bilan humain catastrophique de ces dernières décennies, en prenant soin de contextualiser son propos.
« Des millions de personnes ont perdu la vie… cela après le génocide. Nous ne parlons pas du génocide rwandais », a-t-il précisé. Cette mise au point vise à souligner l’ampleur et la spécificité de la tragédie qui frappe l’Est de la RDC, une crise aux racines profondes et aux conséquences dramatiques pour les populations civiles.
Alors que le processus de paix semble engagé sur de bons rails, la route s’annonce encore longue. La complexité des réformes à mener, notamment d’ordre constitutionnel, impose un rythme que la diplomatie internationale semble devoir respecter, entre pressions pour la paix et réalité du terrain.
Par Horus-Gabriel Buzitu