Marine Le Pen, présidente du Rassemblement National (RN), a été reconnue coupable ce mercredi par le tribunal correctionnel de Paris de détournement de fonds publics dans l’affaire des assistants parlementaires européens. Une décision judiciaire lourde de conséquences, puisqu’elle entraîne une peine de cinq ans d’inéligibilité avec exécution provisoire, compromettant sérieusement ses ambitions pour la présidentielle de 2027. La cheffe de file de l’extrême droite française a également écopé de quatre ans de prison, dont deux ferme aménageables sous bracelet électronique, et d’une amende de 100 000 euros.
Dans son verdict, le tribunal a souligné le « rôle central » de Marine Le Pen dans un système ayant permis, entre 2004 et 2017, de détourner près de 6,8 millions d’euros de fonds européens. Ces sommes, destinées à rémunérer des assistants parlementaires, auraient en réalité financé des activités du RN en France. Les juges ont détaillé une mécanique « méthodique », impliquant des contrats fictifs et des emplois non déclarés, qualifiant ces agissements de « grave atteinte à la probité publique ».
Le tribunal a également retenu le « trouble à l’ordre public et au fonctionnement démocratique » causé par ces malversations, soulignant que « la violation des règles financières du Parlement européen a nourri un climat de défiance envers les institutions ». Une référence implicite à l’impact de ces pratiques sur l’image de la classe politique.
Marine Le Pen a immédiatement annoncé son intention de faire appel de cette condamnation, dénonçant une « décision politique » et une « justice aux ordres ». Toutefois, l’exécution provisoire de la peine d’inéligibilité rend celle-ci immédiatement applicable, conformément à l’article 471 du Code de procédure pénale. Même en cas de procédure d’appel, qui pourrait s’étendre sur plusieurs mois, elle restera écartée de toute fonction électorale jusqu’à un éventuel revirement judiciaire.
Cette sanction frappe de plein fouet le RN, privé de sa figure tutélaire à moins de deux ans de la prochaine élection présidentielle. Si la condamnation est confirmée en appel, Marine Le Pen, candidate à trois reprises (2012, 2017, 2022), ne pourrait pas briguer un quatrième mandat en 2027.
La condamnation a provoqué un séisme dans l’échiquier politique. Le président Emmanuel Macron a appelé à « respecter la décision de justice », tandis que la gauche a salué un « rappel nécessaire à l’État de droit ». Dans les rangs du RN, l’émotion est palpable. Jordan Bardella, président par intérim du parti, a dénoncé une « instrumentalisation de la justice », promettant de « multiplier les mobilisations » en soutien à Marine Le Pen.
En attendant l’appel, le RN devra naviguer en eaux troubles, entre colère militante et nécessité de se projeter sans son leader historique.