Une plongée dans l’histoire millénaire et l’influence des Basongye

D’après des recherches historiques et des publications spécialisées, le peuple Songye plonge ses racines dans l’Égypte ancienne, il y a plus de 4000 ans. Retour sur le parcours migratoire, l’organisation et l’influence de cette ethnie majeure de la RDC.

Les peuples Songye, également appelés Basongye, constituent l’une des ethnies les plus anciennes et structurées de la République Démocratique du Congo. Leur histoire débuterait à l’époque de l’apogée de la civilisation égyptienne, il y a plus de 4000 ans, autour de la Mer Méditerranée et de la Mer Rouge.

Selon les sources, dont l’ouvrage « Les origines du peuple Songye » et les travaux du Dr Kabamba Nkamany, les Basongye seraient des descendants pharaoniques. Une invasion de l’Égypte par des peuples du Proche-Orient aurait provoqué une émigration massive de ces bâtisseurs de pyramides vers le sud du continent africain.

Refusant la colonisation par de nouveaux maîtres, ils auraient suivi deux routes migratoires : le fleuve Nil ou la Mer Rouge. Le peuple Musongye emprunta cette dernière, accosta au niveau de l’île de Zazimbar, traversa la Tanzanie et le Lac Tanganyika pour s’installer d’abord à « Kantu à Muasa » (dans l’actuel Territoire de Kabambare), avant de se fixer définitivement dans le territoire de Kasongo sous la direction de grands chefs de guerre, dont le célèbre Lusuna (Rusuna selon les écrits arabes).

De la fondation d’empires à l’évolution identitaire

Au début du XVIe siècle, un prince Songye, Nkongolo Mwamba, grand chasseur et guerrier hors pair, fonda l’empire Luba et devint le premier Mulopwe. Surnommé « Kimungu kya Bakalanga » (l’hyène des Bakalanga), il imposa son autorité aux autochtones des deux rives du fleuve Lualaba.

Vers 1585, son neveu, Ilunga Mbidi (alias Kalala Ilunga), général des armées royales, réorganisa et agrandit considérablement l’empire, devenant le fondateur du deuxième empire Luba. Le terme « Bakalanga », encore utilisé aujourd’hui en kisonge pour désigner un homme intègre et courageux, témoigne de cette origine. Il est à noter qu’un peuple du Zimbabwe porte ce même nom et que sa langue présente des similitudes frappantes avec le kisonge et le kiluba.

L’identification du peuple Songye a évolué à travers les siècles. Ils se sont successivement fait appeler :

· Les Bakalanga
· Les Bena Kantu a Muasa (appellation toujours prisée par les anciens)
· Les Bayembi (ceux qui portent une arme blanche tranchante, utilisé par tous les peuples issus de l’empire Luba)
· Enfin, les Basongye, nom spécifique d’une tribu de la rive droite de la Lomami qui finit par désigner l’ensemble de l’ethnie.

L’ethnie Songye est composée d’une myriade de tribus et de clans répartis principalement de part et d’autre de la rivière Lomami, des régions de Lubao et Kasongo jusqu’à Kabinda et Lubao.

De la colonisation à l’épopée de la province du Lomami

Durant la période coloniale, les territoires Songye furent d’abord intégrés au District du Lualaba par l’État Indépendant du Congo (1888), puis au District du Lomami en 1912, lui-même within the Province du Katanga. Kabinda, choisie comme chef-lieu, devint un pôle économique et administratif important avec l’implantation d’entreprises et d’écoles techniques.

La réforme administrative de 1933 provoqua un éclatement du District du Lomami, morcelant les terres Songye entre différentes provinces. Cet éparpillement prit fin avec une avancée majeure : la création de la province du Lomami par l’ordonnance-loi du 14 août 1962. Cette entité regroupait à nouveau la plupart des territoires et secteurs Songye, marquant le plus grand regroupement de ce peuple depuis l’empire Luba.

Cette période faste, sous la direction de leaders comme Aloïs Kabangi (fondateur du Mouvement de l’Unité des Basonge – MUB) et Dominique Manono (Président de la Province), vit l’élite Songye revenir des quatre coins du Congo pour participer à l’édification de cette nouvelle entité. Kabinda vibrait au rythme d’une vie politique, économique et culturelle intense, avec une effervescence sportive notable incarnée par des équipes de football légendaires comme le F.C. Yakaumbu.

Héritage et influence contemporaine

Malgré la fusion du Lomami avec le Sankuru et le Sud-Kasaï pour former le Kasaï-Oriental en 1966, l’héritage de cette brève mais intense période province perdure. L’influence des Basongye continue de se faire sentir à travers des figures nationales dans la politique, l’armée, la médecine, la justice ou les arts, qui maintiennent un lien fort avec leur identité et leur langue.

L’histoire des Basongye est celle d’un peuple à l’héritage prestigieux, ayant su préserver son identité à travers les millénaires, les migrations et les bouleversements politiques, pour rester une pièce maîtresse du riche tissu culturel congolais.

Sources : « Les origines du peuple Songye » (Éditions les Erudits), « Les proverbes de Songyes » (Africana Linguistique), « Le forgeron qui devint roi » (Christophe Anthoine), et les travaux du Dr Kabamba Nkamany.

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