Le général Muhoozi Kainerugaba, chef d’état-major de l’armée ougandaise (UPDF) et fils du président Yoweri Museveni, a déclenché un tollé régional ce dimanche 23 mars en annonçant, via des publications incendiaires sur X (ex-Twitter), l’intention de « marcher sur Kinshasa » et de « libérer » Kisangani, ville stratégique du nord-est de la République Démocratique du Congo (RDC).
Ces déclarations, mêlant provocations personnelles et menaces militaires, surviennent paradoxalement au lendemain d’un accord de retrait des rebelles du M23 signé à Doha sous médiation qatarie.
« Je reconquerrai le trône de mon père » : La rhétorique explosive d’un héritier en quête de pouvoir
Dans un premier tweet, Muhoozi Kainerugaba, 51 ans, s’est adressé aux Congolais avec une rhétorique à la fois paternaliste et conquérante :« Si je suis Congolais, je serai le plus fier du monde ! […] Je marcherai sur Kinshasa et reconquerrai le trône de mon père. » Une référence transparente à Yoweri Museveni, au pouvoir depuis 1986, qui alimente les spéculations sur une future succession dynastique.
Muhoozi, déjà critiqué pour ses frasques verbales, cherche à s’imposer comme un leader incontournable, tant en Ouganda que dans la région.
Le général a ensuite ciblé Kisangani, carrefour minier et symbole historique, en affirmant :
« Dans une semaine, le M23 ou l’UPDF seront à Kisangani. Sur ordre de Museveni. »
Pire : il a assuré que l’armée ougandaise « ne s’opposera pas à la prise de la ville par le M23 », un groupe rebelle soutenu par le Rwanda selon l’ONU. En liant le M23 (pro-rwandais) à l’UPDF, Muhoozi suggère une coalition Ouganda-Rwanda contre la RDC, malgré les récents accords de Doha.
Le chef militaire ougandais a également mis en garde Washington :
« Donald Trump ne devrait jamais signer un accord minier en Afrique de l’Est sans l’Ouganda et le Rwanda. »
Une attaque directe contre les négociations entre la RDC et le gouvernement américain pour l’exploitation du cobalt, essentiel aux véhicules électriques. L’Ouganda et le Rwanda, intermédiaires historiques du trafic de minerais congolais, craignent de perdre leur part du gâteau.
Les déclarations de Muhoozi Kainerugaba ne sont pas qu’une crise diplomatique de plus. Elles révèlent les fractures d’une région où les frontières sont poreuses, les ressources convoitées, et les alliances aussi volatiles que meurtrières.
Par Horus-Gabriel Buzitu