Lettre ouverte des personnalités congolaises dont le Dr Denis Mukwege au Président de la RDC : Appel urgent à protéger la souveraineté et les ressources nationales

Une coalition de personnalités congolaises et internationales, dont le Prix Nobel de la Paix Dr Denis Mukwege, a adressé une lettre ouverte au Président de la République Démocratique du Congo (RDC), alertant sur les « menaces existentielles » qui pèsent sur le pays. Les signataires, composés d’universitaires, de défenseurs des droits humains et d’experts en développement, appellent à un sursaut face à l’occupation militaire, au pillage des ressources naturelles et aux risques de braderie dans les négociations internationales en cours. 

La lettre dénonce l’emprise croissante de l’armée rwandaise et de groupes armés alliés, tels que l’Alliance Fleuve Congo et le Mouvement rebelle du 23 Mars, sur les provinces du Nord et Sud-Kivu. Depuis la chute de Bunagana jusqu’à la prise de Bukavu, ces acteurs « amputent » le territoire national, plongeant plus de 10 millions de Congolais dans une « psychose de violence armée » et une crise humanitaire aggravée par la famine. Les paysages des Kivu, souligne le texte, sont désormais « jalonnés de fosses communes », symbole d’un conflit qui dure depuis trois décennies. 

Les auteurs pointent une double responsabilité : les « velléités expansionnistes » des pays voisins et un « déficit de gouvernance interne ». Ils rappellent que cette crise, longtemps ignorée par la communauté internationale, suscite désormais un intérêt accru, motivé à la fois par l’accès aux minerais stratégiques (essentiels pour les industries numériques, énergétiques et spatiales) et par des rivalités géopolitiques. 

Le texte met en garde contre les négociations en cours, notamment les processus de Doha et de Washington, jugés « opaques » et peu inclusifs. Les signataires citent la Déclaration de principes du 25 avril 2025, signée sous l’égide des États-Unis, qui réaffirme la souveraineté et l’intégrité territoriale de la RDC. Toutefois, ils dénoncent les risques d’un « esprit transactionnel » qui sacrifierait les ressources congolaises au nom d’une intégration économique régionale promue par Kigali et ses partenaires. 

En référence aux articles 5, 56, 57 et 214 de la Constitution congolaise, la lettre rappelle que toute tentative de priver la nation de ses richesses naturelles constitue un « acte de haute trahison ». Elle exhorte le Président à ne pas « brader » ces ressources, vitales pour les générations futures, et à rejeter tout accord non ratifié par l’Assemblée nationale. 

Les auteurs reprennent les mots vigoureux du défunt Pape François, prononcés lors de sa visite à Kinshasa en 2023 : « Retirez vos mains de la RDC, retirez vos mains de l’Afrique !  Cessez d’étouffer l’Afrique : elle n’est pas une mine à exploiter ni une terre à dévaliser. » Un plaidoyer contre le « colonialisme économique » qui, selon eux, persiste à travers l’exploitation illégale des minerais et la complicité de certains acteurs internationaux. 

Pour sortir de la crise, la coalition formule plusieurs exigences : 
1. Protéger les minerais congolais en les transformant en leviers de développement durable. 
2. Intégrer la justice transitionnelle dans les processus de paix pour rompre avec l’impunité. 
3. Organiser des consultations nationales impliquant toutes les forces vives, y compris l’Assemblée nationale. 
4. Défendre exclusivement les intérêts du peuple congolais lors du prochain sommet à Washington. 

Parmi les 43 signataires figurent des figures emblématiques comme le Dr Denis Mukwege, le professeur Alphonse Maindo, ou encore Me Jean-Claude Katende, ainsi que des experts basés en Europe, en Afrique et au Japon. Cette diversité témoigne d’une préoccupation globale pour l’avenir de la RDC, qualifiée de « paradoxe » par les auteurs : un pays riche en ressources, mais dont la population reste étrangère à ses propres richesses. 

En conclusion, la lettre appelle à un sursaut historique : « La paix est le seul horizon, mais elle exige des choix courageux et transparents. Le peuple congolais mérite enfin de voir ses ressources servir son développement, et non les intérêts étrangers. »

Lettre en annexe :

Rédaction : Horus-Gabriel Buzitu

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