Le Canada et l’Allemagne ont annoncé, ce mardi 4 mars 2025, un resserrement significatif de leur position à l’égard du Rwanda. Les deux pays ont imposé de nouvelles sanctions ciblées contre des responsables politiques, des officiers militaires et des entités économiques rwandaises, accusés de soutenir les groupes armés actifs dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), notamment le M23. Ces mesures incluent des gels d’avoirs, des interdictions de voyage et des restrictions commerciales.
Ce durcissement intervient dans un climat de crise humanitaire dans les provinces congolaises du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, où les combats entre l’armée congolaise et les rebelles soutenus par Kigali ont provoqué le déplacement de plusieurs centaines de milliers de civils depuis début 2025. Les Nations unies et des ONG internationales documentent régulièrement des exactions attribuées au M23, y compris des massacres, des viols systématiques et le recrutement d’enfants soldats.
Les gouvernements canadien et allemand ont justifié leur décision par des « preuves irréfutables » du soutien rwandais au M23, citant des rapports d’experts onusiens confirmant l’acheminement d’armes, de munitions et de renforts logistiques depuis le Rwanda.
« Le Rwanda ne peut prétendre œuvrer pour la paix tout en alimentant un conflit qui déstabilise toute la région », a déclaré la ministre canadienne des Affaires étrangères.
Ces sanctions s’ajoutent à celles déjà imposées par les États-Unis et le Royaume-Uni en 2024, isolant davantage Kigali sur la scène diplomatique. Toutefois, la réponse internationale reste divisée : si Washington et Londres soutiennent fermement ces mesures, la France plaide pour une approche plus nuancée, privilégiant le dialogue via les mécanismes régionaux comme le processus de Luanda.
Le gouvernement rwandais a vivement rejeté les accusations, qualifiant les sanctions de « politiquement motivées » et « contre-productives ». Dans un communiqué, le ministère rwandais des Affaires étrangères a affirmé que ces mesures « saperont les efforts de paix » et « pénaliseront injustement la population rwandaise ». Kigali réitère son appel à une enquête « neutre et impartiale » sur les allégations de soutien aux rebelles.
Pourtant, sur le terrain, les preuves s’accumulent. Des témoignages de déserteurs du M23, recueillis par des ONG, décrivent un encadrement militaire rwandais direct. Des images satellite, partagées par des analystes indépendants, montrent également des convois suspects traversant la frontière depuis le Rwanda vers les zones contrôlées par les rebelles.
Les nouvelles sanctions, bien que symboliquement fortes, posent la question de leur efficacité réelle. Si elles visent à asphyxier financièrement les réseaux soutenant le M23, certains experts craignent qu’elles n’alimentent le ressentiment à Kigali et ne compliquent les négociations. Toutefois, sans une stratégie régionale cohérente et un renforcement des mécanismes de paix, ces sanctions risquent de rester un coup d’épée dans l’eau. Pour les populations civiles, chaque jour de conflit supplémentaire signifie davantage de souffrances.
Rédaction : Dieumerci Anawezi