Après plus d’un an d’efforts intenses, l’Angola a annoncé son intention de se retirer de son rôle de médiateur dans le conflit opposant la République Démocratique du Congo (RDC) au Rwanda. Une décision lourde de sens, prise par le président João Lourenço, mandaté en 2023 par l’Union Africaine (UA) pour ramener la paix dans l’Est congolais. Retour sur un processus diplomatique semé d’embûches, où l’espoir a cédé la place aux désillusions.
Dès sa désignation par l’UA en 2023, l’Angola a déployé des moyens logistiques, financiers et humains considérables pour relancer le dialogue entre Kinshasa et Kigali. Des dizaines de réunions techniques, des navettes diplomatiques entre les capitales, et l’organisation de plusieurs rounds de négociations ont marqué cette médiation.
La RDC s’est engagée à « neutraliser les FDLR », groupe armé rwandais hutu opérant dans l’Est congolais et le Rwanda a promis un « retrait complet de ses forces du territoire congolais jusqu’aux frontières reconnues ».
Ces compromis, obtenus après des mois de tractations, devaient déboucher sur un sommet historique à Luanda le 15 décembre 2024. Mais Kigali a boycotté la rencontre, invoquant des « provocations » de Kinshasa. Un revers cuisant pour Luanda.
Convaincu que la paix durable passait par des pourparlers directs entre la RDC et le M23 (groupe rebelle soutenu par le Rwanda), l’Angola a œuvré en coulisses pour organiser une table ronde à Luanda le 18 mars 2025.
Selon des sources diplomatiques, des puissances non africaines ont exercé des pressions pour bloquer les discussions en passant par la condamnation de quelques membres du mouvement terroriste du M23-AFC par l’Union européenne. Le M23 exigeait un statut politique et une amnistie, tandis que Kinshasa refusait de négocier avec un groupe qualifié de « terroriste ».
Dans un communiqué officiel, le gouvernement angolais a justifié sa décision par l’absence de volonté politique : « Les parties, en particulier le Rwanda, ont manqué à leurs engagements à plusieurs reprises » et par Des priorités continentales plus larges : « Deux mois passés après la prise de la Présidence en exercice de l’Union Africaine, l’Angola considère qu’il est temps de se libérer de la responsabilité de médiateur de ce conflit à l’Est de la RDC à elle confié, pour se dédier de manière pleine aux priorités générales définies par l’Organisation continentale, liées à la paix et à la sécurité du continent dans son ensemble, aux projets des infrastructures, au commerce libre continental, à la lutte contre les épidémies, endémies et pandémies, au développement économique et social et à la justice des africains et des afro-descendants par des réparations »,
La Commission de l’UA devra désigner un nouveau médiateur dans les prochains jours. Quel que soit le choix, le successeur devra s’appuyer sur la SADC (Communauté de développement d’Afrique australe), la EAC (Communauté est-africaine), dont le Rwanda est membre et les facilitateurs déjà mandatés par l’ONU et l’UA.
rédaction : Horus-Gabriel Buzitu