La RDC exige de la NBA la rupture de ses partenariats avec le Rwanda : une pression diplomatique inédite dans le sport

Dans un geste diplomatique audacieux, la République démocratique du Congo (RDC) a demandé à la National Basketball Association (NBA) de rompre ses contrats de sponsoring avec des entités rwandaises, accusant Kigali de financer une guerre dévastatrice dans l’est du pays. Cette démarche s’inscrit dans une stratégie élargie visant à isoler internationalement le Rwanda, dont le rôle dans le conflit armé au Nord-Kivu est désormais documenté par l’ONU.

Ministre des Affaires Étrangères de la République Démocratique du Congo, Mme Thérèse Kayikwamba

La ministre des Affaires étrangères congolaise, Thérèse Kayikwamba Wagner, a interpellé le commissaire de la NBA, Adam Silver, dans un courrier officiel daté du 14 février. Elle y dénonce les partenariats de la Basketball Africa League (BAL) avec « Visit Rwanda » et « RwandAir », qualifiés de « complices d’un expansionnisme violent »

La RDC souligne que ces contrats, financés par « des millions de tonnes de minéraux pillés » dans les zones occupées par le M23, soutenu par l’armée rwandaise, alimentent directement le conflit

Les arguments avancés reposent sur des preuves accablantes :

  • 4 000 soldats rwandais déployés en appui au M23, selon un rapport du Groupe d’experts de l’ONU ;
  • 3 000 morts, dont 17 casques bleus, et 700 000 déplacés depuis la reprise des offensives rebelles en janvier 2025 ;
  • Un pillage systémique des ressources, notamment de coltan, essentiel à l’industrie technologique mondiale.

La ministre congolaise met en garde la NBA : « Maintenir des liens avec un gouvernement engagé dans des crimes de guerre compromet votre crédibilité morale »

Cette initiative s’ajoute à une série de pressions diplomatiques ciblant les partenariats sportifs du Rwanda. En janvier 2025, la RDC avait déjà exhorté le PSG, Arsenal et le Bayern Munich à rompre leurs accords avec « Visit Rwanda », dénonçant des contrats « entachés de sang ». Ces clubs, dont les partenariats rapportent annuellement entre 5 et 15 millions d’euros à Kigali, n’ont pas encore répondu officiellement, illustrant les tensions entre éthique et intérêts économiques.

La RDC étend désormais cette logique au basket, arguant que la NBA, engagée dans des causes sociales comme Black Lives Matter, ne peut ignorer les violations des droits humains perpétrées en son nom.

Le conflit dans l’est de la RDC dépasse les enjeux sportifs. Depuis 2021, le M23, soutenu par le Rwanda, a pris le contrôle de Goma et étendu son emprise sur le Nord-Kivu, riche en minerais stratégiques. Les motivations de Kigali seraient à la fois territoriales et économiques. Cette situation a conduit la RDC à engager des poursuites judiciaires contre des géants comme Apple, accusé d’utiliser des « minéraux de sang » dans ses produits.

La balle est dans le camp de la NBA. Si la ligue n’a pas encore réagi, son choix pourrait influer sur la perception internationale du conflit. Pour la RDC, il s’agit d’une bataille symbolique visant à dénoncer l’impunité du Rwanda sur la scène mondiale, à sensibiliser aux conséquences humanitaires d’un conflit oublié et à faire pression économique, privé de sponsors prestigieux, Kigali pourrait être contraint de revoir sa stratégie.

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