Après une étape en France, la délégation sénatoriale de la République démocratique du Congo (RDC), conduite par le président du Sénat, Sama Lukonde, a poursuivi sa tournée européenne à Bruxelles. Cette visite stratégique, marquée par des rencontres de haut niveau avec des responsables belges et européens, a placé au cœur des discussions l’annulation du mémorandum UE-Rwanda sur les minerais stratégiques et la nécessité de garantir la transparence des fonds européens alloués à l’armée rwandaise, dans un contexte de conflit persistant à l’Est de la RDC.

La délégation congolaise a été reçue par Vincent Blondel, président du Sénat belge, et Hilde Vautmans, députée européenne et coprésidente de la délégation Afrique-Europe. Les échanges ont insisté sur deux axes majeurs : il s’agit de :
- L’annulation du mémorandum UE-Rwanda : Signé en 2024, cet accord vise à sécuriser l’approvisionnement de l’Union européenne en minerais stratégiques (cobalt, tantale, etc.). La RDC dénonce une légitimation indirecte du pillage des ressources congolaises par Kigali, accusé de financer des groupes armés via l’exploitation illégale de minerais dans l’Est du pays.
- La Transparence des financements militaires : La délégation a exigé un audit public des fonds européens destinés à l’armée rwandaise, soupçonnés d’alimenter les violations des droits humains et le soutien au M23 dans les provinces congolaises en crise.
« Le pillage des ressources minières en RDC ne peut plus être dissimulé. Toutes les parties prenantes doivent assumer leurs responsabilités face au drame humanitaire à l’Est », a déclaré Sama Lukonde à l’issue des entretiens.
La RDC, détentrice de 70 % des réserves mondiales de cobalt, reste plongée dans un conflit où l’exploitation illicite des minerais finance des groupes armés, dont le M23, soutenu selon l’ONU et Kinshasa par le Rwanda. Le mémorandum UE-Rwanda est perçu comme une menace directe pour la souveraineté congolaise, renforçant les circuits opaques de commercialisation.
Par ailleurs, les fonds européens alloués à Kigali dans le cadre de la coopération sécuritaire (plus de 120 millions d’euros entre 2023 et 2025) suscitent l’indignation de Kinshasa.
Hilde Vautmans a reconnu la nécessité d’une « réévaluation des partenariats miniers dans le respect du droit international », sans toutefois s’engager sur l’annulation du mémorandum. Vincent Blondel a, quant à lui, promis de relayer les préoccupations congolaises au niveau belge et européen.
À l’heure où l’Europe cherche à sécuriser ses approvisionnements pour la transition énergétique, la RDC rappelle que cette quête ne doit pas se faire au détriment des droits des Congolais.
Rédaction : Horus-Gabriel Buzitu