RDC| Le Ministère de l’Intérieur suspend les activités du PPRD et dénonce l’attitude de Joseph Kabila face à l’agression rwandaise

Le Ministère de l’Intérieur, Sécurité, Décentralisation et Affaires Coutumières a annoncé ce samedi une décision majeure dans un contexte de tensions sécuritaires et politiques : la suspension immédiate des activités du Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD), formation politique de l’ancien Président Joseph Kabila. Cette mesure, justifiée par des « manquements graves » à la loi et à la souveraineté nationale, s’accompagne d’une condamnation ferme de l’attitude jugée « ambiguë et complice » de l’ancien près Kabila face à l’occupation d’une partie du territoire congolais par l’armée rwandaise et le groupe armé M23/AFC. 

Dans un communiqué officiel, le Ministère reproche à Joseph Kabila, sénateur à vie et figure emblématique du PPRD, de n’avoir « jamais condamné l’agression rwandaise » malgré les multiples occasions de s’exprimer devant la presse.

« Son silence coupable, voire complice, face à une occupation étrangère qui déchire l’Est de la RDC, constitue une trahison des devoirs moraux et légaux d’un ancien Chef de l’État », peut-on lire dans le texte. 

Le document dénonce également un autre geste perçu comme provocateur : le choix de Joseph Kabila de rentrer récemment en RDC par la ville de Goma, une zone sous contrôle du M23, où sa sécurité aurait été « curieusement assurée » par des éléments liés à l’occupant.

« Ce retour orchestré sous protection de l’ennemi interroge sur ses réelles alliances et son engagement en faveur de l’intégrité territoriale », souligne le Ministère. 

Conformément aux articles 29, 30 et 31b de la loi n°04/002 du 15 mars 2004 régissant les partis politiques, le Ministère de l’Intérieur a ordonné la suspension des activités du PPRD sur l’ensemble du territoire national. Cette loi exige des formations politiques qu’elles œuvrent pour l’unité nationale, la sécurité et la souveraineté de l’État. Or, selon les autorités, le PPRD aurait violé ces principes en soutenant, activement ou passivement, « une guerre d’agression menée par le Rwanda ». 

Parallèlement, le Ministère a saisi le Parquet près la Cour Constitutionnelle pour examen des faits reprochés à Joseph Kabila et à son parti. Les articles invoqués incluent l’article 6 de la loi sur les partis politiques, qui interdit toute collaboration avec des forces étrangères, et l’article 5 de la loi fixant les obligations des anciens Présidents, censés incarner l’unité nationale et la défense des institutions. 

Dans sa déclaration, le Ministère en profite pour rappeler à l’ensemble des partis politiques leurs « obligations sacrées » de préserver la souveraineté, l’intégrité territoriale et la cohésion nationale.

« Aucune formation ne peut se permettre de pactiser avec des intérêts extérieurs ou de tolérer des atteintes à la sécurité de l’État », a-t-il averti, appelant à une mobilisation collective contre « l’ennemi commun ». 

Cette décision intervient dans un climat politique déjà tendu, marqué par des accusations récurrentes de Kinshasa contre Kigali, qui nie toute implication dans le conflit. Du côté du PPRD, aucune réaction officielle n’a encore été émise. Cependant, cette suspension risque de polariser davantage le paysage politique congolais, où Joseph Kabila reste une figure influente. 

La balle est désormais dans le camp de la Cour Constitutionnelle, dont la prochaine étape pourrait déterminer l’avenir juridique du PPRD et de son leader moral. En attendant, le gouvernement congolais affiche sa détermination à « purger la République de toute compromission avec l’agresseur ». 

Rédaction : Horus-Gabriel Buzitu

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