Maluku, fleuron des ZES, exporte déjà des carreaux vers Brazzaville et produit du Pepsi local, mais des défis persistent.
À l’occasion du dixième anniversaire de l’Agence des Zones Économiques Spéciales (AZES), la République Démocratique du Congo (RDC) a dressé un bilan mitigé de son ambitieux projet d’industrialisation. Le pays compte actuellement sept Zones Économiques Spéciales (ZES) en développement, dont certaines, comme celle de Maluku à Kinshasa, sont déjà opérationnelles. C’est ce qu’a annoncé Clément Muchengezi, directeur de cabinet représentant le ministre de l’Industrie, Louis Watum Kabamba, lors des célébrations organisées à Kinshasa .
La ZES de Maluku, située à 70 km du centre-ville de Kinshasa, est la plus avancée. Elle abrite des entreprises comme Saphir, spécialisée dans la fabrication de carreaux exportés vers le Congo-Brazzaville, et Varum Beverages, producteur local de la boisson Pepsi. Ces succès concrets illustrent le potentiel des ZES pour réduire la dépendance de la RDC aux importations et dynamiser les exportations intra-africaines.
Cependant, cette zone, qui s’étend sur 880 hectares dont 244 déjà aménagés, arrive à saturation. « Nous devons identifier de nouveaux espaces pour répondre à la demande croissante des investisseurs », a souligné Auguy Bolanda, directeur général de l’AZES .
Parmi les six autres ZES en développement :
- Kin Malebo(Kinshasa) : Dédiée à la transformation du bois et aux industries légères, elle est en construction sur 500 hectares à N’sele .
- Musompo (Lualaba) : Spécialisée dans la production de batteries pour véhicules électriques, avec des investissements estimés à 200 millions de dollars .
- Kiswishi (Haut-Katanga) : Portée par le privé, elle combine immobilier et industrie, attirant des entreprises comme Varun Beverages .
- ZES de l’Équateur (Kongo Central) et celles du Nord-Kivu (KIM Kissuishi, Severumbashi Moéné) : Freinées par l’insécurité et les défis infrastructurels .
Malgré ces avancées, l’AZES relève trois défis majeurs :
- Problèmes fonciers: Manque d’espaces disponibles pour étendre les ZES .
- Financement : Nécessité d’un fonds spécial pour soutenir les aménagements .
- Bureaucratie : Retards dans l’application des exonérations promises aux investisseurs.
Le gouvernement mise sur ces ZES pour diversifier l’économie, avec un objectif de 6,6 % de croissance hors secteur minier d’ici 2029. Des partenariats internationaux, comme celui avec les Émirats Arabes Unis pour des centrales solaires, pourraient renforcer leur viabilité .
En somme, dix ans après leur lancement, les ZES incarnent à la fois les espoirs et les défis de l’industrialisation en RDC. Si Maluku montre la voie, leur généralisation nécessitera des réformes approfondies et une stabilité accrue.
Par Dieumerci Anawezi