Goma| Les organisations de Presse denoncent l’enlèvement du journaliste Tuver Wundi par le M23 et exige sa libération

La disparition forcée de Tuver Wundi, directeur provincial de la Radio Télévision Nationale Congolaise (RTNC) à Goma, continue de soulever une vague de condamnations. Porté disparu depuis le 25 février 2025, le journaliste a été enlevé par des éléments présumés du groupe armé M23 soutenu par l’armée rwandaise (RDF) et l’Alliance Fleuve Congo (AFC), selon les organisations Journaliste en Danger (JED) et l’Union nationale de la presse congolaise (UNPC).

Son arrestation intervient quelques heures après la diffusion d’un reportage au stade de l’Unité de Goma, où il couvrait la reddition controversée d’éléments de la police nationale congolaise aux forces rwando-M23. Ces policiers devaient être transférés vers un camp d’entraînement sous contrôle rebelle. Des témoins affirment avoir vu son véhicule, une Toyota Land Cruiser, être emmené par des hommes armés affiliés au M23-AFC.

Contacté par le JED, le groupe armé a reconnu détenir Tuver Wundi dans d’anciens locaux de l’Agence Nationale des Renseignements (ANR), réquisitionnés depuis l’occupation de Goma. Les raisons de sa séquestration restent floues : les responsables du M23 évoquent de vagues « enquêtes en cours », sans fournir de preuves ou d’accusations précises.

Selon des sources concordantes relayées par le JED, le journaliste aurait été arrêté avec quatre autres personnes travaillant sur un « programme mondial » dont il était consultant. Ce projet, dont les détails n’ont pas été dévoilés, aurait été suspendu par les forces du M23-RDF-AFC

Dans un communiqué urgent, Journaliste en Danger exige des explications immédiates et la libération inconditionnelle de Tuver Wundi :

« Nous demandons instamment au M23 de communiquer officiellement sur les raisons de cette séquestration, qui dure depuis quatre jours. Notre confrère doit retrouver sa famille et exercer son métier librement », a déclaré l’ONG, soulignant que la détention arbitraire de Wundi viole le droit international humanitaire et les conventions sur la protection des journalistes en zones de conflit.

L’UNPC dénonce, quant à elle, une tentative de « bâillonner la liberté de la presse » et de « semer la terreur parmi les journalistes » pour réduire au silence les médias indépendants.

« Ce rapt s’inscrit dans une stratégie d’intimidation. Nous exigeons que le M23-RDF fasse toute la lumière sur cette situation et libère Tuver Wundi sans condition », a martelé l’Union nationale de la presse congolaise.

Les locaux de la RTNC à Goma, symbole de la présence médiatique étatique, sont d’ailleurs sous surveillance constante des forces rebelles, qui y voient un relais de la « propagande de Kinshasa ».

L’affaire Tuver Wundi rappelle tragiquement que, dans les zones contrôlées par les groupes armés, l’information est devenue une arme de guerre. Alors que le M23 tente d’imposer son récit, la libération du journaliste incarcéré devient un test crucial pour la crédibilité des défenseurs des droits humains et la résilience de la démocratie congolaise.

rédaction : Horus-Gabriel Buzitu

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