Goma | Justice populaire meurtrière à Ndosho : un présumé voleur brûlé vif dans une nuit de terreur

La nuit du lundi 21 au mardi 22 avril a plongé le quartier Ndosho, dans la commune de Karisimbi, au nord de Goma, dans une nouvelle spirale de violence. Un homme soupçonné de vol a été exécuté de manière sommaire par une foule en colère, brûlé vif aux environs de 2h30 du matin sur l’avenue Ileo Sango. Ce drame s’inscrit dans un contexte d’insécurité grandissante sous le contrôle de la coalition M23-AFC, poussant une population désemparée à prendre la justice en main.

Selon des témoins, la victime, décrite comme un homme souffrant de troubles mentaux, aurait tenté de commettre un vol près de l’École primaire Ndosho avant de prendre la fuite.

« C’est un voleur qu’on vient d’attraper à côté de l’EP Ndosho… Il a été brûlé vif par la population sous colère », a raconté un habitant sous couvert d’anonymat.

Un autre résident évoque une scène chaotique : « Malheureusement, il courait à l’heure où ça crépitait », faisant référence à des tirs entendus dans la zone cette nuit-là.

Les images de ce lynchage, relayées localement, illustrent l’exaspération d’une communauté confrontée à une criminalité nocturne endémique. Les patrouilles, jugées inefficaces, ne parviennent pas à rassurer les habitants, laissant libre cours à une justice expéditive.

Cette exécution n’est qu’un épisode parmi d’autres dans une ville en proie à la terreur. La même nuit, au quartier Kasika, des bandits armés ont attaqué un vendeur d’Airtel Money sur l’avenue Bamate vers 1h du matin. « Ils ont pris tout son capital et ses téléphones. Heureusement, Dieu a préservé sa vie », témoigne un proche de la victime.

À Ndosho, une tentative de vol a également été déjouée plus tôt dans la soirée sur l’avenue Songo. « Les vuvuzelas ont été écrasés pour alerter. La patrouille est intervenue juste à temps », explique un moniteur local. Pourtant, dans le même quartier, un cadre de base a vu sa maison entièrement pillée, soulignant l’ampleur des défis sécuritaires.

Depuis des mois, Goma est sous l’emprise du M23-AFC, dont le contrôle n’a pas permis d’endiguer la criminalité. La thèse des autorités locales, attribuant ces violences à des prisonniers évadés, est vivement contestée par les habitants. « On nous abandonne totalement. Les bandits agissent en toute impunité », dénonce une résidente du quartier Mugunga.

Face à cette situation, les actes de « justice populaire » se multiplient, reflétant un désespoir profond. La MONUSCO, présente dans la région, est également interpellée pour son rôle dans la protection des civils. Pendant ce temps, les familles des victimes, comme celle du vendeur de Kasika, tentent de reconstruire leurs vies, marquées par la peur et le traumatisme.

Par Djorres Tshivuadi

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