La RDC alerte l’ONU sur les crimes de guerre au Nord-Kivu et accuse le Rwanda de « barbarie organisée »

La République Démocratique du Congo (RDC) a saisi ce vendredi 07 février 2025, le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies lors d’une session d’urgence, dénonçant une « campagne de terreur » menée par l’armée rwandaise et ses supplétifs du M23-RDF-AFC dans l’est du pays. Face à des violations massives du droit international humanitaire, Kinshasa exige une enquête indépendante et des sanctions contre Kigali, qu’elle accuse d’orchestrer une guerre d’agression pour contrôler les ressources minières stratégiques.

La RDC, soutenue par plus de 30 États membres et 22 observateurs, a obtenu la tenue de cette réunion exceptionnelle après l’invasion de Goma par les forces rwandaises et le M23. Les attaques, décrites comme « systématiques et préméditées », ont fait plus de 3 000 morts et 3 000 blessés, selon les chiffres de l’ONU. Les bombardements ont ciblé des camps de déplacés, des quartiers résidentiels et des infrastructures civiles, plongeant la région dans une crise humanitaire « sans précédent ».

Déplacement massif de la population à l’est de la RDC

« Des rues entières de Goma sont devenues des cimetières à ciel ouvert. Le Rwanda et ses marionnettes transforment des zones de refuge en champs de mort », a déclaré la délégation congolaise, dénonçant des violations flagrantes des principes de distinction, proportionnalité et humanité.

Le gouvernement congolais a dressé un bilan accablant :

  • 200 femmes violées lors de l’offensive sur Goma ;
  • Enfants soldats recrutés de force dans des centres de formation à Rutshuru ;
  • Déplacements massifs de civils, avec des camps humanitaires intentionnellement bombardés ;
  • Attaques répétées contre la MONUSCO et les forces régionales de la SADC, pourtant mandatées par l’ONU.
  • plus de 3000 morts
Hommage rendu à un casque bleu tombé sur le champ de guerre en RDC, tué par l’armée rwandaise

« Le Rwanda est directement responsable de ces atrocités. Ses soldats opèrent sur notre sol, en uniforme et avec des armes lourdes », a insisté la RDC, citant des rapports d’experts onusiens confirmant le soutien logistique et militaire de Kigali au M23. Kinshasa accuse également le Rwanda de dépeuplement forcé et de remplacement démographique dans les zones occupées, une stratégie visant selon elle à annexer des territoires riches en minerais.

Camp des déplacés de guerre bombardé par les terroristes rwandais à l’est de la RDC

La RDC a exigé la création d’une commission internationale indépendante pour documenter les crimes et identifier les responsables. Parmi ses demandes clés :

  • Sanctions ciblées contre les dirigeants rwandais impliqués ;
  • Retrait immédiat des troupes rwandaises du territoire congolais ;
  • Accès humanitaire libre pour endiguer les risques d’épidémies (choléra, variole du singe ou Mpox) ;
  • Gel des financements aux groupes armés via des mécanismes onusiens.

« La communauté internationale ne peut rester silencieuse face à cette barbarie. Le Conseil doit adopter une résolution ferme pour protéger les civils et punir les auteurs », a plaidé la délégation congolaise.

La crise actuelle s’inscrit dans un conflit vieux de 30 ans, alimenté par les richesses minières du Kivu (or, coltan). La RDC dénonce une « guerre économique » menée par Kigali, qui instrumentaliserait les groupes armés pour contrôler les zones minières. Malgré les processus de paix de Luanda et Nairobi, les violations persistent, illustrant l’échec des mécanismes régionaux.

« Le Rwanda agit en toute impunité, avec la complicité passive de certains partenaires internationaux », a dénoncé Kinshasa, appelant à un soutien accru aux forces de la SADC et à un réexamen des aides économiques à Kigali.

Alors que la RDC réitère son engagement en faveur du dialogue, elle met en garde contre une « balkanisation » de la région sous influence rwandaise. La balle est désormais dans le camp de l’ONU : adopter une résolution forte ou risquer de voir la crise dégénérer en conflit régional.

Pour les millions de Congolais pris au piège, l’urgence est vitale : stopper l’hémorragie humanitaire et rendre justice aux victimes d’une guerre qui n’en finit plus.

Rédaction : Horus-Gabriel Buzitu

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