Ce jeudi, le Sénat de la République démocratique du Congo (RDC) se retrouve au cœur d’une séance cruciale : l’examen d’un réquisitoire visant Joseph Kabila, sénateur à vie et ancien président du pays (2001-2019).
À l’origine de cette convocation parlementaire se trouve une plainte déposée contre l’ancien Président de la RDC. Ce dernier est accusé de soutenir, de manière présumée, l’Alliance du Fleuve Congo (AFC), une rébellion considérée comme une branche du mouvement M23. Ce groupe armé, actif dans l’est du pays, est régulièrement pointé du doigt pour des attaques meurtrières et des déstabilisations dans une région minée par des conflits depuis trois décennies.
Joseph Kabila, qui bénéficie d’une immunité juridique en tant que sénateur à vie un statut octroyé aux anciens chefs d’État par la Constitution congolaise , nie fermement ces allégations par le canal de son parti politique. Cependant, une validation du réquisitoire par le Sénat ouvrirait la voie à des poursuites judiciaires, une première pour un ancien président en RDC.
La session de ce jeudi place les sénateurs devant un dilemme à forte portée symbolique : accepter de lever l’immunité d’un ancien président ou bloquer la procédure, au risque d’alimenter les critiques sur la culture de l’impunité. Depuis son départ du pouvoir en 2019 après des élections contestées, Joseph Kabila reste une figure influente, bien que discrète. Son possible renvoi devant la justice constituerait un signal fort dans un pays où les responsables politiques de haut rang sont rarement inquiétés.
Si la majorité des sénateurs votent en faveur du réquisitoire, Joseph Kabila deviendrait le premier ex-chef d’État congolais à devoir répondre de ses actes devant la justice. Une décision contraire risquerait d’envenimer les relations entre le camp présidentiel et l’opposition, dans un pays déjà fragilisé par des défis socio-économiques et sécuritaires.
La tenue de cette session survient alors que la province du Nord-Kivu, dans l’Est, fait face à une recrudescence des violences impliquant le M23, soutenu selon Kinshasa par le Rwanda. Les accusations contre Kabila, liées à un prétendu soutien à des groupes armés, résonnent donc comme un élément supplémentaire dans la complexe géopolitique régionale.
Quel que soit le verdict du Sénat, cette journée restera gravée dans l’histoire contemporaine de la RDC. Elle pose une question fondamentale : un ancien président peut-il être jugé pour des actes commis pendant ou après son mandat ? La réponse des sénateurs congolais pourrait bien redéfinir les règles de la responsabilité politique en Afrique subsaharienne.