C’est sous les honneurs royaux que Donald Trump a entamé, mardi, sa première tournée internationale depuis le début de son second mandat présidentiel. Arrivé à Riyad, capitale de l’Arabie saoudite, le président américain a été accueilli avec un faste symbolique par le prince héritier Mohammed ben Salmane (MBS), dans un contexte marqué par des ambitions économiques communes et des défis géopolitiques complexes.
Dès son atterrissage, Donald Trump a été salué par un déploiement militaire impressionnant : une escorte d’avions de chasse saoudiens a tracé dans le ciel des fumigènes aux couleurs du drapeau américain, tandis qu’un tapis lavande symbole de prestige et de respect dans la tradition locale était déroulé sous ses pas. Cette mise en scène, soigneusement orchestrée, témoigne de la volonté saoudienne de consolider son partenariat historique avec les États-Unis, malgré les tensions passées sous l’administration Biden.
Au cœur de cette visite figurent des négociations visant à renforcer les liens économiques et stratégiques entre les deux nations. Plusieurs secteurs clés sont concernés : l’énergie, l’intelligence artificielle, la fabrication de pointe et, surtout, la défense. Un contrat d’armement estimé à 100 milliards de dollars est en discussion, incluant la vente d’équipements militaires américains de dernière génération. Ces accords s’inscrivent dans le cadre de Vision 2030, le plan phare de MBS pour moderniser l’économie saoudienne et réduire sa dépendance aux hydrocarbures.
Pour Riyad, ces investissements visent à positionner le royaume comme un hub technologique et industriel régional. Pour Donald Trump, dont la présidence avait déjà marqué un rapprochement inédit avec les Saoudiens (notamment via le controversé « deal du siècle » de 2017), il s’agit de réaffirmer l’influence américaine au Moyen-Orient face à la montée en puissance de la Chine et de la Russie.
Au-delà des enjeux économiques, cette visite s’articule autour de dossiers sensibles. L’Arabie saoudite, alliée traditionnelle des États-Unis, cherche à contenir l’influence iranienne dans la région, notamment au Yémen, où elle mène une guerre coûteuse contre les rebelles Houthis. Trump, fervent critique de l’accord nucléaire iranien de 2015, pourrait appuyer les demandes saoudiennes pour un durcissement des sanctions contre Téhéran.
Par ailleurs, la normalisation des relations entre Israël et plusieurs pays arabes, initiée sous l’ère Trump via les accords d’Abraham, reste un sujet d’actualité. Riyad, bien que prudent sur une reconnaissance officielle d’Israël, pourrait envisager des coopérations discrètes sous l’égide américaine.
Le programme Vision 2030 de MBS, qui promet une Arabie saoudite « post-pétrole », constitue un terrain fertile pour les investisseurs américains. Des projets comme NEOM, mégapole futuriste, ou le développement d’énergies renouvelables, pourraient bénéficier de l’expertise technologique des entreprises américaines. Cependant, ce partenariat n’est pas sans risques : les critiques sur les droits de l’homme, l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi en 2018, ou la guerre au Yémen, continuent d’entacher l’image du royaume.
Trump, lui, semble privilégier une approche pragmatique, mettant de côté les questions éthiques au profit des intérêts économiques et sécuritaires.
La visite de Donald Trump en Arabie saoudite illustre la persistance d’une relation bilatérale à géométrie variable, façonnée par des intérêts mutuels mais aussi par des divergences stratégiques. Si les contrats signés renforcent les liens entre Washington et Riyad, ils n’effacent pas les défis structurels : la dépendance au pétrole, les tensions régionales et les pressions internationales pour des réformes politiques.
Dans un Moyen-Orient en pleine recomposition, où la Chine étend discrètement son emprise économique, les États-Unis entendent, via Trump, réaffirmer leur rôle de garant sécuritaire. Reste à savoir si cette alliance survivra aux aléas politiques des deux côtés qu’il s’agisse des scrutins américains à venir ou des incertitudes entourant la succession royale saoudienne.
Cette rencontre, entre symboles d’opulence et calculs géostratégiques, rappelle une évidence : dans le désert saoudien, le pétrole n’est plus la seule ressource qui compte.
Redaction : Horus-Gabriel Buzitu