Crise sociale à la RTNC : Le personnel exige des solutions urgentes face à l’inaction des autorités

Le personnel de la Radio-Télévision Nationale Congolaise (RTNC) est en colère. Malgré des promesses répétées et des délais accordés aux autorités, aucune solution concrète n’a été apportée aux multiples revendications salariales et sociales des agents, plongeant ces derniers dans une précarité insoutenable. Les syndicats dénoncent un mépris systémique, tandis que les travailleurs, épuisés, menacent de recourir à des actions plus radicales. 

Depuis 2018, les employés de la RTNC subissent une crise financière chronique. Selon les syndicats, 16 mois d’arriérés de salaire liés au barème de 2018 n’ont toujours pas été réglés. Pire, les agents ne perçoivent actuellement que 75% de leur rémunération, le solde restant étant versé aléatoirement, selon « la volonté de certains décideurs ». Pour survivre, nombre d’entre eux sont contraints de souscrire à des prêts informels, surnommés localement « Banque Lambert ». 

En parallèle, le barème salarial de 2021, pourtant validé par la tutelle et réclamé depuis près de dix ans, dort dans les tiroirs du Ministère du Budget. Malgré les instructions de l’ancien Premier Ministre Sama Lukonde en 2022 et les récentes recommandations de la Première Ministre Judith Suminwa pour une réunion tripartite (Ministère de la Communication, Ministère du Budget et syndicats), le statu quo persiste. 

La redevance audiovisuelle, principale source de financement de la RTNC, est au cœur des tensions. Les syndicats accusent l’employeur de détourner les dividendes destinés au personnel. « La clé de répartition actuelle est opaque. Le personnel, pourtant au cœur de la production, ne voit jamais sa part », déplore un représentant syndical. Une révision équitable de cette répartition est réclamée en urgence. 

La gestion des cotisations sociales relève du scandale. Les agents dénoncent un détournement systématique de leurs contributions, ainsi que le non-paiement de la quote-part patronale, mettant en péril leurs droits à la retraite. À cela s’ajoute l’absence totale de prise en charge médicale. « Des collègues meurent parce qu’ils ne peuvent pas se soigner. C’est une honte pour un établissement public », s’indigne un cadre de la RTNC. 

Les espoirs nés des réunions des 15 et 17 avril 2025 à l’Institut Congolais des Arts (ICA) se sont envolés. Le gouvernement avait alors accordé 10 jours au gestionnaire de la RTNC pour solliciter l’intervention des autorités compétentes. Aucune réponse n’ayant été apportée, les syndicats dénoncent une « mascarade » et rappellent les sacrifices du personnel, notamment lors d’événements majeurs comme les 9ᵉ Jeux de la Francophonie ou la visite du Pape François à Kinshasa, réalisés « avec un professionnalisme hors norme malgré la misère ». 

Face à ce blocage, les syndicats menacent de durcir le mouvement. « Les 10 jours sont largement dépassés. Si le gouvernement continue à ignorer nos souffrances, nous n’aurons d’autre choix que de paralyser la RTNC », avertit un porte-parole. Dans un contexte où le pays compte sur le « Front Médiatique » pour apaiser les tensions à l’Est, cette crise interne pourrait fragiliser davantage l’image d’un média déjà sous tension. 

Au-delà des revendications salariales, cette situation pose la question du respect des engagements de l’État envers ses employés. La Première Ministre Judith Suminwa, qui a fait de la « moralisation de la vie publique » un axe clé de son mandat, est désormais attendue au tournant. Les travailleurs de la RTNC, eux, rappellent amèrement leur devise : « Accomplir leur mission sans être traités en citoyens de seconde zone ». 

Rédaction : Horus-Gabriel

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