C’est un constat qui fait honte à l’État de droit. Ce lundi 20 octobre, le Ministre d’État, Ministre de la Justice, Guillaume Ngefa, a levé le voile sur une réalité insoutenable lors de sa visite au Parquet et au Tribunal de Paix de Kinkole, dans la commune de N’sele. Les magistrats, piliers de la justice, sont contraints d’exercer dans des conditions si précaires que le ministre lui-même les a qualifiées d’« indignes », dépeignant une justice en pleine asphyxie.
Le choc a été visuel. Le ministre a découvert des locaux d’une exiguïté criarde moins de 20 m² où s’entassent jusqu’à dix magistrats. Ces bureaux, qui devraient incarner l’autorité et la sérénité de la loi, sont des coquilles vides, parfois sans portes ni fenêtres, laissant leurs occupants à la merci des éléments et du bruit.
La déliquescence est telle que l’État semble avoir abdiqué son rôle fondamental : certains juges et procureurs, par manque de moyens, sont réduits à acheter leur propre chaise et leur bureau. Une débrouille humiliante qui sonne comme un aveu d’abandon pour ces serviteurs de la loi.
Mais au-delà de l’indignité matérielle, c’est l’essence même de la justice qui est piétinée. Dans ce mouroir judiciaire, le secret de l’instruction, pierre angulaire de toute procédure équitable, est purement et simplement impossible. « Comment rendre une justice équitable quand l’instruction se déroule sous les yeux de collègues non concernés ? », a lancé le ministre Ngefa, pointant une violation systémique et intolérable.
Dans ce chaos, la sécurité des dossiers, preuves et décisions de justice, est un leurre. La promiscuité rend les documents sensibles accessibles à tous, exposant les procédures à des risques de manipulation ou de disparition, et mettant en péril les droits fondamentaux des justiciables.
Face à l’ampleur du scandale, le Ministre de la Justice a été contraint de réagir, promettant de tenter d’« y remédier ». Cette déclaration, si elle porte un espoir, soulève une question brûlante : comment un tel déni de justice a-t-il pu persister si longtemps aux portes de la capitale ?
La descente à Kinkole est bien plus qu’un simple reportage sur la précarité ; c’est le révélateur d’un système judiciaire à deux vitesses, où l’accès à une justice digne dépend du lieu où l’on habite. La réponse des autorités sera le véritable test de leur engagement à garantir, non pas une justice au rabais, mais une justice tout court.
Par Horus-Gabriel Buzitu