Brice Oligui Nguema élu avec plus de 90 % des voix : le Gabon tourne la page de la dynastie Bongo

Le chef de la transition gabonaise, le général Brice Oligui Nguema, a été déclaré vainqueur de l’élection présidentielle du samedi 31 août avec un score écrasant de 90,35 % des suffrages exprimés, selon les résultats provisoires dévoilés ce mercredi par le ministère de l’Intérieur. Cette victoire sans appel consolide son emprise sur le pouvoir, près de deux ans après le coup d’État ayant renversé l’ancien président Ali Bongo Ondimba en août 2023. 

Sur les 636 606 votants recensés, 575 222 voix se sont portées sur le candidat Nguema, contre seulement 3,02 % pour son principal adversaire, l’ancien Premier ministre Alain Claude Bilie-by-Nze, figure du régime Bongo. Huit candidats étaient en lice, dont une unique femme, Gninga Chaning Zenaba, et d’autres poids lourds de l’ex-parti au pouvoir PDG, comme Stéphane Germain Iloko. Le taux de participation, annoncé à 70,4 %, marque toutefois un net recul par rapport aux 87 % initialement avancés, soulevant des questions sur la gestion des données en temps réel. 

Ce scrutin historique, salué par les autorités et certains observateurs pour son déroulement « transparent et pacifique », clôt officiellement la période de transition militaire ouverte après le putsch de 2023. Il ouvre la voie à la Cinquième République, tournant symbolique pour un pays dirigé pendant 56 ans par la dynastie Bongo, marquée par des accusations de corruption, de détournements de fonds et de mauvaise gouvernance. 

À 50 ans, Brice Oligui Nguema, ancien commandant de la Garde républicaine et proche collaborateur du défunt président Omar Bongo, a axé sa campagne sur la « rupture » avec les pratiques du passé. « Notre priorité est de restaurer la dignité du Gabon et de répondre aux urgences sociales », a-t-il martelé, face à un pays confronté à un chômage endémique, des infrastructures en ruine, des coupures d’électricité récurrentes et une dette publique représentant 73,3 % du PIB. 

Né dans le Haut-Ogooué, fief historique des Bongo, Brice Oligui Nguema a gravi les échelons de l’armée après une formation à l’académie militaire marocaine. Son ascension fulgurante l’a conduit à devenir l’assistant personnel d’Omar Bongo, dont il était considéré comme un intime. Cette proximité avec l’ancien régime alimente les critiques de ceux qui voient en lui un héritier déguisé de la dynastie déchue. 

Si les autorités célèbrent un retour à l’ordre constitutionnel, des voix s’élèvent pour dénoncer un processus électoral « taillé sur mesure » pour les militaires. Le code électoral révisé et la nouvelle constitution, adoptés sous la transition, sont pointés du doigt pour avoir facilité l’accès de Nguema à la magistrature suprême. Malgré ces polémiques, l’attente des Gabonais reste immense : relance économique, justice sociale et réconciliation nationale sont au cœur des promesses du nouveau président. 

La Cour constitutionnelle doit entériner les résultats dans les prochains jours, scellant définitivement l’entrée du Gabon dans une ère incertaine, mais libérée du joug des Bongo.

Rédaction Horus-Gabriel Buzitu

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