KINSHASA| Le Centre Hospitalier Monkole suspend la gratuité de la maternité faute de paiement par l’État

Une décision prise en raison d’arriérés de paiement depuis octobre 2024, mettant en péril l’accès aux soins pour des centaines de femmes enceintes.

Le Centre Hospitalier Monkole, institution médicale de référence à Kinshasa, a annoncé la suspension temporaire de ses services gratuits de maternité et de néonatologie, en vigueur depuis le 7 juin 2025. Cette mesure drastique fait suite à des impayés accumulés par le Fonds de Solidarité de Santé (FSS), bras financier du programme de Couverture Santé Universelle (CSU), depuis octobre 2024 .

Dans un communiqué signé par le Dr Rémy Kashala, Médecin Directeur, et Eder Mbi-Masiala, Directeur Général, l’établissement justifie cette décision par « la nécessité de préserver son équilibre financier et son engagement à assurer des soins continus à la population ».

Le programme de gratuité de la maternité, lancé dans le cadre des engagements du président Félix Tshisekedi pour la CSU, devait garantir un accès universel aux soins pour les femmes enceintes et les nouveau-nés. Pourtant, malgré une couverture théorique étendue à 14 provinces et 257 zones de santé sur les 519 que compte le pays , les retards répétés de paiement fragilisent les structures partenaires.

Monkole, qui accueillait des centaines de patientes issues de milieux précaires, se retrouve contraint de suspendre ces services, privant ainsi de nombreuses familles d’un accès à des soins de qualité sans frais comme prévu.

Par contre le ministre de la Santé, Samuel Roger Kamba, affirmait encore en mai 2025 que le gouvernement tenait à la pérennisation du programme, soulignant un budget annuel estimé à plus de 200 millions de dollars pour sa généralisation. Cependant, l’insolvabilité notoire de l’État, déjà dénoncée dans d’autres secteurs comme l’éducation, se confirme une nouvelle fois avec ce défaut de paiement prolongé.

Cette situation relance le débat sur la viabilité financière de la CSU en RDC, alors que seuls 55 % des établissements couverts par le programme sont privés ou concessionnels, souvent plus vulnérables aux retards de subsides.

Alors que le gouvernement promettait une couverture santé universelle d’ici 2030, le cas de Monkole expose les lacunes structurelles d’un système encore trop dépendant de financements aléatoires. Les femmes congolaises, premières victimes de ces dysfonctionnements, attendent des actes concrets pour que la gratuité ne reste pas un slogan.

Par Dieumerci Anawezi

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