Dans le cadre de la redevabilité gouvernementale envers la population, le ministre de la Communication et des Médias, porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, a reçu ce lundi 6 janvier 2025 son homologue de la Justice, Constant Mutamba, lors du premier point de presse de l’année. Devant les professionnels des médias, les deux ministres ont abordé la thématique de la lutte contre le banditisme urbain, en particulier le phénomène des Kuluna, qui sévit dans la ville-province de Kinshasa. Cette lutte, initiée dans la capitale, devrait s’étendre progressivement à d’autres provinces du pays.

Le ministre de la Justice a ouvert son discours en soulignant les résultats encourageants des opérations Ndobo et Zéro Kuluna, menées conjointement par le ministère de l’Intérieur et celui de la Justice, avec l’appui des forces de l’ordre (police et armée), ainsi que des magistrats et avocats. Selon lui, ces opérations ont permis de réduire sensiblement le taux de criminalité à Kinshasa, une ville qui était devenue invivable en raison des traumatismes causés par les bandits urbains. Ces derniers, communément appelés Kuluna, se livrent à des actes de violence, notamment des meurtres à l’arme blanche, des pillages et des viols sur des jeunes filles.
Pour endiguer ce fléau, le gouvernement a adopté une stratégie ferme : tous les criminels arrêtés sont déférés devant les juridictions, civiles ou militaires, afin qu’ils subissent la rigueur de la loi. Ceux qui sont condamnés à mort sont transférés dans des prisons hautement sécurisées pour y purger leur peine.



« Le ministre de la Justice n’a pas inventé la peine de mort, elle est prévue à l’article 5 du code pénal civil et à l’article 26 du code pénal militaire de la RDC« , a rappelé Constant Mutamba. Il a insisté sur la nécessité de faire preuve de fermeté face à ces crimes : « Dès lors que les cours et tribunaux de la République condamnent les Kuluna à la peine de mort, quelle doit être l’attitude du ministre de la Justice, sinon la fermeté ?«
Le ministre a également souligné que la RDC ne peut se permettre d’être fragilisée à la fois par des agressions externes, comme celles du Rwanda, et par des menaces internes telles que les Kuluna.
« Nous ne pouvons pas accepter d’un côté d’être agressés par le Rwanda et, de l’autre, d’être traumatisés par les bandits. Raison pour laquelle nous avons décidé d’agir avec fermeté pour mettre fin au phénomène Kuluna« , a-t-il déclaré.
Cependant, Constant Mutamba a tenu à préciser que tous les bandits arrêtés ne sont pas automatiquement condamnés à mort. Seuls ceux reconnus coupables de meurtre sont passibles de cette peine, après une évaluation rigoureuse par les juges.
« À notre niveau, nous avons organisé plus de 11 audiences foraines, et plus de 300 Kuluna ont été condamnés. Ces procès ont été menés sur la base de l’ordonnance-loi sur la répression des infractions flagrantes, afin de garantir la célérité des procédures tout en respectant les droits des justiciables« , a-t-il expliqué.
Le ministre de la Justice a également appelé les parents à collaborer avec l’État pour rééduquer ces bandits, rappelant que ces derniers sont souvent issus de familles.
« Tous les parents qui ne dénoncent pas leurs enfants coupables de crimes seront également arrêtés et considérés comme complices« , a-t-il averti.
Concernant la situation des prisons, Constant Mutamba a indiqué que des efforts sont en cours pour améliorer les conditions de vie des détenus. Des travaux de réhabilitation des prisons sont en cours, et de nouvelles infrastructures modernes et sécurisées sont en construction. Le ministre a également évoqué le processus de désengorgement des prisons, mené en collaboration avec les magistrats, afin de garantir des conditions de détention plus humaines.
Interrogé sur l’exécution de l’ordonnance présidentielle relative à la grâce présidentielle accordée par le Président Félix Tshisekedi, le ministre a confirmé que des commissions ont été mises en place dans les provinces pour examiner les dossiers des prisonniers dans un délai de trois semaines.

Enfin, le ministre de la Communication, Patrick Muyaya, a exhorté les professionnels des médias à soigner le front médiatique en filtrant les informations avant leur publication, en tenant compte de leur sensibilité. Constant Mutamba a, quant à lui, félicité son homologue pour sa promptitude et son soutien dans la couverture médiatique des audiences foraines, y compris dans les zones reculées.