Dans l’enceinte historique de l’Université de Kinshasa, le ministre de la Communication et Médias, Patrick Muyaya, a délivré ce mercredi un plaidoyer vibrant pour l’implication de la jeunesse dans la résolution des conflits à côté du recteur Jean-Marie KAYEMBE NTUMBA. Devant un parterre académique et estudiantin, son intervention s’est articulée autour du thème : « Au cœur du processus de pacification de la RDC : comprendre pour agir l’appropriation du narratif congolais par la jeunesse pour la construction d’une paix durable ».

Un constat sans concession
D’emblée, le ministre a brossé le portrait d’une nation éprouvée : « Vous savez que nous connaissions un conflit depuis près de 31 ans. Il y a parmi vous des jeunes qui, depuis leur naissance, n’ont connu qu’un pays en guerre ». Retraçant les origines de la crise, il a évoqué le geste humanitaire de 1994 devenu tragique paradoxe : « Malheureusement, la solidarité exprimée à l’époque par notre nation a été le point de départ des drames que nous vivons encore aujourd’hui ». Face à une génération assoiffée de vérité mais confrontée à des récits contradictoires, Muyaya a souligné la nécessité de décrypter les enjeux géopolitiques et historiques des provinces orientales.
Feuille de route diplomatique
Cinq jalons récents ont été présentés comme fondateurs de l’espoir actuel :
– La rencontre tripartite RDC-Rwanda-Qatar à Doha (18 mars 2025)
– Les déclarations communes avec l’AFC/M23 (23 avril et 19 juillet 2025)
– L’accord de principes avec le Rwanda à Washington (25 avril)
– La signature de l’accord de paix RDC-Rwanda (27 juin).
Souveraineté narrative : un impératif
Le cœur du message ministériel a résidé dans l’urgence de reprendre la plume de l’histoire nationale : « Il ne peut y avoir de paix durable si la jeunesse ne s’approprie pas l’histoire et ne participe pas à l’écriture du présent ». Dénonçant les représentations externes réductrices, Muyaya a exhorté à forger un récit endogène célébrant « la résilience, les réussites locales et la culture congolaise ». Un impératif de souveraineté face à ce qu’il qualifie de combat existentiel : « Cette guerre vise la souveraineté même de la RDC… Elle doit être résolue une fois pour toutes, et cela commence par la conscientisation de notre jeunesse ».
Répondant aux frustrations étudiantes sur leur marginalisation médiatique, le ministre a annoncé la création de plateformes collaboratives associant universités, médias et gouvernement, avec pour pivot la radio Alma Mater de l’UNIKIN. Le recteur de l’institution a salué cette démarche par une métaphore éloquente : « Quel meilleur lieu qu’une université, où bat le cœur de la pensée nationale ? ». Soulignant l’expertise unique du ministre, il a ajouté : « Qui, mieux que Patrick Muyaya … connaît les tenants et les aboutissants de ces accords cruciaux ? ».
Clôturant l’événement par un vibrant appel à l’action, Muyaya a invité les étudiants à endosser le rôle d’« ambassadeurs de paix » dans l’espace public : « Nous avons besoin de vous dans chaque université, chaque quartier, chaque village ». Cette vision rejoint celle exprimée par des étudiants présents, pour qui la paix « ne pourra se construire uniquement par des traités politiques » mais par une jeunesse « consciente et fière de son identité ».
Par Horus-Gabriel Buzitu