Face à la chute des prix du cobalt, la République démocratique du Congo (RDC), premier producteur mondial de ce métal stratégique, a annoncé ce vendredi 21 mars son intention de prolonger de quatre mois l’interdiction d’exportation en vigueur depuis février. Une décision destinée à réduire l’excédent de l’offre mondiale et à redresser les cours, alors que le pays envisage également de collaborer avec l’Indonésie pour coordonner une gestion plus stricte du marché.
Le porte-parole du gouvernement congolais, Patrick Muyaya, a confirmé cette prolongation à l’issue d’une réunion du conseil des ministres.
Le cobalt, essentiel pour les batteries de véhicules électriques et les technologies vertes, avait vu son prix s’effondrer de près de 70 % entre 2023 et 2024, plombé par une surproduction mondiale et un ralentissement de la demande. En instaurant cette interdiction, la RDC, qui produit près de 75 % du cobalt mondial, cherche à reprendre le contrôle d’un marché clé pour son économie.
Outre l’interdiction temporaire, Kinshasa prévoit d’imposer des quotas d’exportation une fois les ventes repises, afin d’éviter un nouvel effondrement des cours. Le pays explore également un partenariat inédit avec l’Indonésie, autre géant minier, notamment dominant dans le nickel. L’objectif : créer un front commun pour influencer les prix et l’approvisionnement des métaux critiques, sur le modèle de l’OPEP pour le pétrole.
La prolongation de l’embargo sera réévaluée fin juillet 2025. D’ici là, un comité technique analysera l’évolution du marché et l’impact des mesures prises. Le cobalt représente près de 30 % des exportations de la RDC et constitue une manne financière cruciale pour un pays classé parmi les plus pauvres au monde, malgré son sous-sol exceptionnel. La stabilisation des cours pourrait permettre à Kinshasa d’investir dans des projets de développement tout en renégociant des contrats miniers souvent jugés déséquilibrés.
Pour l’heure, les yeux sont tournés vers les prochaines semaines : la reprise éventuelle des exportations, les négociations avec l’Indonésie et la réaction des grands consommateurs, comme la Chine ou l’Union européenne, détermineront si la RDC a réussi à transformer son cobalt en levier de puissance économique.
Par Tshivuadi Nkongolo